Ceci est mon histoire, la vraie histoire de mon apostasie. Déjà gamine, j’avais émis un doute sur présence même de la religion dans ma vie, j’ai été baptisée quand j’avais quelques mois, aspergée d’eau bénite, sans mon accord, cela va de soi, puis plus ou moins contrainte et forcée d’aller au catéchisme. Cependant, j’ai quand même réussi à éviter la communion solennelle, ensuite à seize ans, j’ai été émancipée et la première chose que j’ai faite a été de demander l’annulation de mon baptême. Je n’en avais rien à foutre, mais j’avais besoin de cette manifestation symbolique à l’encontre l’Église.
Cette demande s’est avérée un vrai chemin de croix… si j’ose dire, avec un premier refus à cause de mon âge, mais qui au lieu de me décourager, a renforcé mon désir d’apostasie et d’annuler mon baptême, oui, il faut faire les deux parce que du point de vue de l’Église catholique, l’apostasie n’annule pas le baptême.
En France, la loi vous permet en théorie, de faire valoir vos droits grâce à la protection des données personnelles. Les articles 38 à 40 de la loi Informatique et Libertés du 6 janvier 1978 vous autorisent à « modifier, compléter, actualiser, vérifier ou effacer des données à caractère personnel » vous concernant, par simple requête à l’organisme concerné, sans avoir à motiver votre demande et exiger une copie du document modifié, sans frais.
Grâce au site internent Anarchiste « Subsociety » j’ai pu éviter tous les pièges que l’Église catholique a mis en place pour faire de cette demande un vrai calvaire et faire une demande précise. (Génération d’une lettre de débaptisation depuis le site, réécriture à la main (c’est important), préciser que j’ai conscience de faire acte d’apostasie, et que j’agis « librement, sans contrainte et en connaissance de cause » et une photocopie recto verso de ma carte d’identité.)
Bien sûr, j’ai envoyé la lettre avec avis de réception, et c’est là que ça devient amusant, deux semaines plus tard, je reçois la visite impromptue du curé de ma paroisse accompagné d’une dame austère, très collet monté et de noir vêtu que j’ai reçue aimablement, boissons et petits gâteaux à la clé, s’ensuit une discussion surréaliste incluant tous les saints du paradis et les démons des enfers qui m’attendraient impatiemment, oui, on m’a affirmé qu’ils étaient plusieurs mais malgré l’honneur que tous ces démons pouvaient me faire. J’ai refusé de changer d’avis et j’ai raccompagné ce charmant couple sorti d’un autre temps à la porte.
Deux jours plus tard, en sortant de chez moi, j’aperçois la gente dame perchée sur un muret et qui à ma vue est devenue hystérique s’est mise à me faire les cornes en vociférant des prières ou des incantations, j’ai eu une crise de fou-rire sur le coup, mais quand la scène s’en reproduite plusieurs fois, je l’ai prise en photo et l’ai filmée puis j’ai contacté le curé qui a contacté le frère de la dame en question qui bien sur ne m’a pas crue, mais le film a été édifiant, et je n’ai jamais plus revu cette caricature sur ma route.
Un mois plus tard, nouveau courrier pour « m’avertir », paternellement, des « conséquences de mon acte ». Et me parler, déjà, de la possibilité de réintégration, dussé-je poursuivre plus en avant ma procédure d’apostasie, deux jours plus tard, un autre courrier ou l’Église m’informe qu’elle ne peut « défaire ce qui a été fait », car, tenez-vous bien, »nul ne peut faire qu’un acte posé ne l’ait pas été » et enfin une semaine plus tard, je reçois enfin l’acte de baptême modifié.
Ce jour-là fut un jour béni…






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