Je me demande encore pourquoi je me suis laissé embarquer dans ce jeu entre ami·e·s, jeu que j’aurais voulu qualifier de « débile » mais après réflexion, pas réellement, la désinhibition était totale, entre joints et alcool, il s’agissait d’écrire sur une feuille de papier en présence des autres, ce que l’on pense d’eux, sans faux semblants, avec franchise.
Le résultat a été au-delà de mes espérances, aucune hypocrisie dans leurs propos. J’ai ainsi enfin su ce qu’ils pensaient de moi, pas que cela m’importait, mais par simple curiosité, la frontière est ténue entre la psychopathe que je serais et la perverse narcissique que je serais aussi, mon insensibilité sentimentale, voire émotionnelle me rendrait incapable d’empathie, je n’éprouverais aucun remords ni sentiment de culpabilité. Je serais complètement indifférente au mal que je fais aux autres et bien sûr, je me croirais dès lors tout permis.
Ce n’est pas exactement ce qui a été écrit, je n’ai fait que durcir légèrement le trait. En revanche, l’idée générale est bien là, il semblerait donc que je ne m’attache pas, tout d’abord aux gens et au fond. C’est vrai, peut-être parce que j’ai simplement appris que l’attachement est la racine du mal, qu’il me rend dépendante et que je déteste ça.
Je ne m’attache pas puisque je sais par expérience que les gens finissent par partir, comme ma naissance sous X le prouve, abandonnée pour mon bien, pour la bonne cause semble-t-il. C’est ce que m’a répondu ma mère adoptive quand je lui ai posé la question, à savoir pourquoi ? Je me dis, ironiquement que ce doit être pour mon bien et pour la même bonne cause, à savoir mon bonheur qu’elle m’a abandonné quand j’avais neuf ans.
Je dis abandonnée parce que au décès de mon père, je me suis retrouvée en famille d’accueil, une bonne famille heureusement, mais sans sentiments.
Je ne m’attache pas puisque les gens ne pensent pas toujours ce qu’ils disent comme ils ne disent pas toujours ce qu’ils pensent, et ce jeu en est la preuve, ou parce qu’ils ne tiennent pas toujours leurs promesses et que je sais que l’attachement trop tôt finira encore par la déception.
Je ne s’attache plus puisque je suis fatiguée des gens qui se dégagent, des gens qui changent d’avis, des gens qui partent, des gens qui ignorent ce qu’ils veulent ou ce qu’ils cherchent.
J’ai donc décidé de dire ce que je pense et de penser ce que je dis, sans avoir besoin d’être désinhibée, que cela déplaise ou non.
Tout compte fait, j’ai apprécié ce jeu de la vérité entre brouillards d’alcool et brumes de fumées.






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