Ma meilleure amie est cocue, elle ne le sait pas, et moi oui ! Et je n’ai pas envie de la perdre… Dilemme, lui dire ou pas lui dire ? Je suis tentée de lui dire parce que je l’aime, mais au nom de la franchise, suis-je aussi bienveillante que ça ?
Je me suis trouvée devant ce choix deux fois déjà, une première le fiancé d’une copine de fac m’a fait des avances explicites, le lendemain, je l’ai prévenue. C’était une chose évidente, elle doit savoir et qu’il n’y ait aucun secret entre nous, surprise, elle m’a remerciée pour ma sincérité… Pour me demander le lendemain de ne plus m’approcher de son fiancé à l’avenir, et en l’espace d’une nuit, j’étais devenue une allumeuse et l’ennemie à abattre !
La seconde fois, j’ai vu le compagnon d’une amie avec une autre femme dans une posture qui ne laissait aucun doute sur la nature de leur acte, il m’a vue aussi. Je n’ai rien dit de peur de la perdre, le résultat fut le même, son compagnon lui ayant avoué sa faute quelques mois plus tard, elle m’a reproché de ne rien lui avoir dit et notre amitié s’est terminée là.
Ce sont peut-être des cas particuliers, mais ce que je retiens de ces amères expériences, c’est que, aussi bien la parole, motivée que par le désir de franchise, que le silence, aux motifs plus hypocrites peuvent détruire une relation amicale.
Pour info, ces deux couples se sont désunis les mois suivants, mais au-delà de ces exemples se pose la question : peut-on tout dire en amitié ? Non pas au sens d’une règle préexistante qui nous fournirait une réponse toute faite, ça, on peut le dire, ça, non… Mais plutôt sous l’angle de notre propre innocence dans cette parole que nous voulons exprimer, ou pas.
Cependant, réflexion faite, je pense que ma parole, même prononcée en toute sincérité, ne vise qu’à régler mes propres comptes, parce que révéler à mon amie l’infidélité de son conjoint, ne fait que répondre à ce besoin que j’aurais, moi, de le savoir si j’étais à sa place de même qu’une façon de m’arroger un pouvoir, de me poser en « libérateur » et dans tous les cas, que je parle ou pas, j’engage ma responsabilité, celle de blesser.
Dois-je, avant de les prononcer, me demander si l’autre est en mesure d’accueillir cette « vérité » que je m’apprête à partager avec elle ou lui, l’amitié doit aussi respecter la liberté de chacun, et décider d’ouvrir les yeux d’un ami est très intrusif et rarement réconfortant.
Puis, que sais-je de leur vie intime ? Le pourquoi de cette infidélité, fantasme, aventure d’un soir, ennui, frustration sexuelle ou affective, peur de vieillir ou de l’engagement, besoin de se rassurer sur sa capacité de séduction, finalement, que cache ce besoin d’aller voir ailleurs ?
Je n’ai aucune envie de prendre l’autre en otage de mes émotions, mes amitiés reposent sur un flux de paroles plus ou moins maîtrisées, certain·e·s se laissent aller à déverser leur trop-plein sans égards, là où d’autres restent secret·e·s, je me suis même trouvée en possession d’informations très intimes que j’aurais préféré ignorer, nous avons chacun notre propre définition de l’amitié, ce désir de fusion amène certain·e·s à me confondre avec un thérapeute, ce qui est difficile à gérer pour moi.
Pour conclure, je m’interroge sur ce que j’attends réellement d’une amitié et de me demander quelle est ma propre attente vis-à-vis de l’autre, y compris en termes de projets ensemble, plutôt que me noyer dans l’échange, je laisse donc le temps faire son œuvre, vu que je ne maîtrise rien !






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