Depuis l’école primaire, en incluant le collège, le lycée et partiellement la fac, Maryvonne et moi sommes comme des étoiles binaires gravitant l’une autour de l’autre. Elle a participé à ma construction, toujours présente lors de mes moments de doute ou de colère contre l’univers entiers. Elle m’a révélé à moi-même. Elle m’a permis de mieux me connaître, de déterminer mes valeurs profondes et mon identité. J’espère seulement que cela fut réciproque.
Cette amitié est bien plus qu’un lieu de vie symbolique qui ouvre le champ des possibles, elle est en même temps un sanctuaire et un phare qui éclaire ma vie.
J’ai atteint un stade de ma vie où je sais que je peux mettre fin à une relation quand elle ne me convient plus. J’ai pris conscience que j’avais le choix de fréquenter des personnes qui partagent mes valeurs et de composer ainsi un groupe qui me ressemble et qui me correspond. Mais, aussi que d’autres puissent avoir le même droit que moi.
C’est au « Trafalbar Nice » Rue Barillerie, à Nice que nous nous retrouvons de temps à autre pour entamer une soirée entre filles. L’endroit parfait avec l’amie parfaite où l’on s’autorise à faire tomber les masques que l’on porte le reste du temps.
Je ne sais ni comment, ni pourquoi nous en somme arrivées à parler de nos ami·e·s. Celleux en commun et celleux qui nous sont propres. Nous avons en quelque sorte pris des nouvelles des personnes de notre microcosme commun. Mais, sans faire de ragots, ni révéler les petits secrets ou travers des uns·e·s ou des autres.
Notre amitié est fondée sur la transparence et la franchise, nous ne nous mentons jamais. Elle est la seule personne avec qui je me sens suffisamment en confiance pour me livrer entièrement, je ne pourrais pas le faire avec quiconque d’autre. C’est bien plus qu’une amitié, c’est une idylle amicale…
Nous nous sommes attardées un peu plus sur celleux qui nous ont blessées en nous faisant défection, mais sans juger, même si ça nous faisait mal, même si n’avons pas compris ce qui s’était passé. Nous avons même pris de leurs nouvelles, d’une manière détachées, mais quand même avec un cœur battant un peu plus fort pour certain·e·s.
J’ai compris que pas mal de mes défections ne venaient pas de l’autre, mais de moi. Pendant des années, j’ai eu des conversations très intimes avec deux de mes meilleures amies d’enfance, comme on ne peut en avoir qu’avec ses meilleurs amis. En allant vivre sur le campus, j’ai vu la relation que j’entretenais avec elles se détériorer progressivement. J’ai eu l’occasion de faire de nouvelles rencontres et de découvrir de nouveaux horizons. Je traversais une crise existentielle et ne me reconnaissais plus dans leur manière d’appréhender l’existence (trop religieuse à mon gout). Alors, j’ai pris de la distance, graduellement. Ce fut long et difficile, et je me suis sentie très coupable.
Ces ruptures que j’ai choisi de faire faisaient partie d’une affirmation de moi-même, une révélation de mon identité, mais qui était douloureuse. Il m’est compliqué de vivre le désaveu ou la violence qui m’a forcée à partir, à devenir cet autre qui dévalue ses proches, même malgré moi.






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