Les petits billets de Letizia

Comme les années précédentes, c’est à mes ami·e·s que j’ai laissé le choix de l’organisation de cet évènement. Entre les cadeaux, le restaurant, le menu, les boissons, les souhaits, les anecdotes, les blagues, iels m’ont offert une soirée parfaite.

La soirée aurait pu être mémorable, si l’un de mes amis profitant de l’occasion ne s’était autoproclamé « prétendant » en s’agenouillant mièvrement pour me faire sa demande en mariage. J’ai de prime abord cru que c’était une plaisanterie, mais en voyant le comportement de certain·e·s autres, j’ai compris qu’iels étaient impliqué·e·s dans ce traquenard.

J’étais sur le point de lui faire part de mes sentiments de manière peu amène, mais je ne voulais surtout pas gâcher ma soirée. Alors, j’ai joué la carte du malentendu en faisant semblant de croire que c’était une blague. J’ai joué la comédie, genre vaudeville en exagérant mes gestes et mes expressions, pour ce qu’il se sente mal à l’aise. Ma meilleure amie a très vite compris qu’il y avait un problème et un simple échange de regard a suffi pour qu’elle comprenne et le regard pétillant, a joué le jeu avec moi.

Elle et moi avons été « peu courtoises, voire méchantes », à tel point que la majorité de mes invité·e·s ne comprenaient pas ce qu’il se passait. Les sarcasmes et les mots à double sens se sont multipliés, rendant l’atmosphère de plus en plus éclectique, voire électrique pour certains·e·s. Alors, j’ai finalement décidé de me lever afin de les remercier pour cette bonne blague. J’ai levé mon verre très haut en leur demandant de faire de même et en précisant qu’il ne sera jamais question de divorcer d’avec mon célibat, qui me remplissait de bonheur.

En voyant la tête ou mieux encore la gueule que faisait mon « prétendant » et certain·e·s de mes convives, j’ai su que ce n’était pas ce qu’ils espéraient. Ils ont compris que je venais de leur donner ma réponse et que le « malentendu » n’en était pas un. Le saugrenu de la situation n’a échappé à personne et la soirée a fait long feu. Sur les onze personnes qui avaient commencé la soirée, six ont persisté et ont fait durer, avec moi, la fête jusqu’au bout de la nuit…

Le temps me permettra de savoir si cette soirée a ouvert une faille entre nos amitiés ou au contraire, un gouffre. Tous savaient mon aversion pour les relations amoureuses de couple, mais cela n’a pas empêché certains d’essayer de me faire changer d’avis.

Je ne vais pas changer pour qui que ce soit, je m’aime comme je suis, alors tu devras m’accepter avec toutes mes nuances. Parce que c’est là que résident mon bonheur et mon intégrité, ne me demande pas de renoncer à mes passions pour combler ton vide.