Les petits billets de Letizia

Il y a quelques années, j’ai décidé de céder ma société afin de me consacrer à moi-même. Prendre dans la foulée une année sabbatique pour réfléchir à ma vie. J’avais besoin de retrouver un sens à ce que je faisais et de me recentrer sur les fondements de ma vie.

À l’origine, la création de cette entreprise n’a pas été une décision facile pour moi. C’était un choix que je n’ai pas fait de gaieté de cœur, mais qui s’est avéré être une expérience professionnelle enrichissante. J’ai rapidement découvert une équipe formidable et j’ai été inspirée par l’envie de changer les choses qui animaient chacun d’entre nous.

Au fil des mois, j’ai observé cette équipe, j’ai écouté ses membres, j’ai parlé avec eux et je les ai vus évoluer, grandir. J’ai pensé que j’avais stabilisé ce projet sur la longueur, suscité l’adhésion de toutes et tous, les avoir fidélisés et mobilisés. Je leur ai donné 10 % des parts de l’entreprise, une semaine de 28 heures en quatre jours pour le même salaire. Ensemble, nous avons relevé le défi de la conduite de ce projet.

Nous avons pris deux ans pour dire que nous avions atteint notre vitesse de croisière et que nous avions créé une nouvelle entreprise.

Au bout de trois ans de travail fructueux et enrichissant sur tous les points, j’ai été surprise lors d’une réunion où mon équipe m’a informée qu’elle voulait plus. Plus d’argent, plus d’heures de travail. J’étais dévastée par la situation. J’ai compris que nous n’avions pas vécu la même aventure. Pour moi, c’était une aventure humaine, pour eux, c’était une aventure financière.

Je me suis posé des questions. Est-ce que j’ai bien communiqué mes valeurs ? Est-ce que j’avais mal compris les leurs ? Est-ce que j’avais été naïve ? Est-ce que j’avais perdu mon temps ?

Cela m’a fait réfléchir sur la valeur des choses dans la vie. J’ai compris qu’une valeur ne pèse rien, mais qu’elle peut changer le cours de la vie. Après avoir longuement médité, j’ai pris une décision extrême. J’ai vendu mes parts et je suis partie conjuguer le verbe être ailleurs. J’ai déménagé, j’ai concrétisé le projet minimaliste que je voulais en devenant freelance, et je suis heureuse.

Je travaille quand je veux, où je veux, avec qui je veux. Je gagne autant d’argent et j’ai plus de temps libre. Je fais des choses qui ont du sens pour moi. Je suis libre. J’ai juste pris le temps de mieux vivre. Être la plus riche du cimetière ne m’emballe pas, pourquoi devrais-je attendre la fin de ma vie pour avoir le temps de vivre ?

En conclusion, j’ai appris qu’il est important de valoriser ses valeurs dans sa vie professionnelle, mais qu’il est aussi facile de se laisser emporter par l’argent et le succès, et surtout qu’il est essentiel de se rappeler ce qui est vraiment important dans la vie. Je suis heureuse d’avoir pris cette décision et je suis fière de ce que j’ai fait depuis.

Alors, trois ans pour rien ? Non. Trois ans pour apprendre. Trois ans pour grandir. Trois ans pour être heureuse.