Les petits billets de Letizia

Mes chères lectrices et chers lecteurs,

Je me suis récemment rendue en Corse pour y faire un Trail, une île magnifique dont la beauté sauvage et les paysages à couper le souffle ne laissent personne indifférent. C’est en arpentant des ruelles pittoresques de l’Alta Rocca que les souvenirs locaux, enfouis de ma jeunesse, ont refait surface, et avec eux, une multitude de questions restées sans réponse.

Je me suis souvent demandé pourquoi ma mère adoptive avait pu abandonner ses responsabilités et rompre tous liens avec moi suite à son divorce d’avec mon père adoptif. Cet événement a bouleversé ma vie, me laissant avec un sentiment d’abandon qui n’a jamais complètement disparu. Était-ce parce qu’elle avait eu un enfant après mon adoption, un enfant qui, est mort dans un accident tragique ? Ou bien était-ce parce que sa famille n’avait jamais accepté mon adoption, une réponse froide à la dépression qui l’avait suivie ?

Les questions tournaient en boucle dans ma tête, alimentées par les remarques cruelles de sa famille, qui ne manquaient jamais une occasion de me rappeler que je n’étais pas de leur sang. À cette époque, je pensais que j’étais la cause de tous ces malheurs. Leur rejet résonnait comme une condamnation silencieuse, me laissant croire que tout était de ma faute.

Aujourd’hui, avec le recul et la sagesse des années, je sais que je n’étais pas responsable. Ce n’était pas moi qui avais échoué, mais bien eux. Leur incapacité à accepter une enfant qui n’était pas issue de leur propre chair et sang témoigne de leur étroitesse d’esprit, et c’est à cause de cela que ma mère adoptive a abandonné ses responsabilités.

Je ne veux juger personne, seulement comprendre. Comprendre ce qui a pu pousser ma mère à agir ainsi, à abandonner une enfant qu’elle avait choisie d’aimer et de protéger. Et même si je ne connaîtrai jamais toutes les réponses, je continuerai à chercher, encore et encore. Chaque tentative est une petite victoire, une étape vers la guérison.

Alors que je regarde les vagues mourir, calmement, sur la plage de Pinarello, je me dis que ce voyage, bien qu’émotionnellement éprouvant, m’a rapprochée un peu plus de la paix intérieure que je recherche depuis si longtemps. La beauté brute de cette île a réveillé des souvenirs douloureux, mais elle m’a aussi donné la force de les affronter, une fois de plus.

En partageant ceci avec vous, je ne cherche pas la pitié, mais la libération. Libérer ces pensées qui m’ont longtemps emprisonnée et, peut-être, offrir un écho à celleux qui traversent des épreuves similaires. Nous ne sommes pas seul·e·s dans nos quêtes de sens et de rédemption.