Chroniques d’une Femme Sauvage
D’aussi loin que je me souvienne, le mariage m’a toujours filé la chair de poule, mais pas de cette douce frisson qui parcourt l’échine lorsqu’on est amoureuse. Non, non, le genre de frisson que vous donne une porte qui grince dans un film d’horreur. Pour être honnête, c’est pas que je ne crois pas à l’amour, aux papillons dans le ventre ou à la complicité. C’est juste que, dans mon cas, je suis profondément consciente de ma force intérieure, cette capacité presque surhumaine à être entière sans avoir besoin de fusionner avec un autre être humain pour me sentir valide.
Cette conscience aiguisée de mon indépendance a fait de moi un spécimen un peu particulier. Résultat des courses : j’ai été demandée en mariage onze fois depuis mes 18 ans. Oui, vous avez bien lu, onze fois ! Vous me direz, « Mais comment est-ce possible ? » Eh bien, je suis tout aussi perplexe que vous. J’ai toujours été claire sur mon choix de vie, mais apparemment, certains ont du mal à comprendre le concept du « Non, merci, je préfère mon espace vital ».
La dernière demande en date, je vous jure, c’était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Ce cher Monsieur a décidé que la meilleure façon de me faire chavirer d’émotion était de m’attraper la main alors que nous passions par hasard (soi-disant) devant une église. Moi, je pensais que c’était juste une petite promenade innocente, mais lui avait visiblement un plan plus élaboré. Il m’entraîne à l’intérieur, s’agenouille devant une statue de la Vierge, se signe avec tout le sérieux du monde, puis revient vers moi, toujours à genoux, pour me faire sa fameuse demande.
Alors là, c’en était trop pour moi. Moi, l’athée convaincue, voir cet homme s’humilier devant une statue de plâtre pour finalement s’humilier devant moi ? Je n’ai pas pu retenir mon fou rire. Un énorme, incontrôlable, incontrôlé fou rire. Le pauvre, il n’a même pas eu le temps de sortir la bague de la boîte avant que je ne tourne les talons, le laissant là, bouche bée, devant la Vierge qui devait en avoir vu d’autres, mais sûrement pas une comme moi !
Le clou du spectacle ? Il avait convié ses ami·e·s pour immortaliser cet instant féerique. J’imagine leurs têtes, les caméras prêtes à capter ce moment soi-disant magique, et moi, explosant de rire et disparaissant sans demander mon reste. Une scène digne d’un film tragi-comique, vraiment. J’espère qu’ils ont bien capté ce moment et qu’ils se la repasseront en boucle pour des générations, histoire de ne jamais oublier que tous les contes de fées ne finissent pas par un « oui ».






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