Quand l’Égo Règne en Maître Absolu.
Chères lectrices, chers lecteurs,
Aujourd’hui j’aimerais vous faire part de ma vision ((éclairée ?) de la présidence. C’est officiel : nous avons la chance inouïe de vivre sous le règne éclairé d’un Président à la grandeur quasi divine ! Oui, vous avez bien lu. Tel un phare éblouissant dans la nuit noire de notre existence insignifiante, notre « guide suprême » semble avoir été choisi par les astres pour accomplir un destin hors du commun – au moins à ses yeux (et probablement seulement à ses yeux).
D’ailleurs, il se prend certainement pour un Messie politique, envoyé pour délivrer notre société perdue de ses propres illusions démocratiques. Après tout, pourquoi diable, laisser les pauvres mortels débattre de quoi que ce soit ? Ce serait une perte de temps monumentale, et notre président n’en a pas, oh non ! Il sait déjà tout ce qui est bon pour nous, pour l’État, et, bien sûr, pour lui-même (enfin, pour nous, dirait-il, les yeux remplis de fausse sollicitude).
Ah ! Quelle merveille de ne plus avoir à réfléchir. Pourquoi se fatiguer à exprimer des idées contraires quand notre glorieux dirigeant est là pour décider à notre place ? Imaginez un monde sans cette nuisance qu’on appelle « démocratie » ! Un rêve pour certains, un cauchemar pour d’autres, mais qui peut encore oser s’opposer au génie illuminé qui nous gouverne ? Ses détracteurs et détractrices sont aussitôt balayés du paysage politique – avec élégance, évidemment, car il fait cela avec une délicatesse tout à fait machiavélique.
Et que dire de cette soif insatiable de contrôle absolu ? Mégalomanie, dites-vous ? Mais voyons, c’est un mot si sévère ! Parlons plutôt de « vocation à régner sans partage ». Pourquoi s’arrêter à la démocratie, à l’éthique ou, pire encore, à la morale, quand on a des désirs si grands, si magnifiques ? Notre dirigeant est au-dessus de tout cela, au-dessus de nous tous d’ailleurs, et il ne recule devant rien, absolument rien, pour imposer ses nobles volontés. Qui a besoin de liberté quand on peut avoir l’obéissance aveugle ?
Le tout enveloppé dans une douce folie, une psychopathie élégamment voilée par des discours vibrants d’autocélébration, qui ne sont là que pour nous rappeler à quel point nous sommes chanceux de vivre dans l’ombre de cet être supérieur. Il·elle n’a pas besoin d’être empathique, non, car sa mission divine ne laisse place à aucune émotion humaine banale. Il est au-dessus de cela, au-dessus de vous, de moi, et de toutes ces petites âmes critiques qui, honnêtement, devraient apprendre à se taire et à suivre la lumière.
Mais peut-être que je me trompe ? Après tout, notre président, dans sa grandeur absolue, pourrait me pardonner mon égarement. Mais honnêtement, je ne prendrai pas trop de risques. Car au royaume du despotisme éclairé, les voix contraires, même épicènes, finissent souvent par se perdre dans l’obscurité… ou disparaître tout simplement.






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