Une Réflexion Personnelle
Chère lectrice, cher lecteur,
Aujourd’hui, j’aimerais aborder un sujet personnel qui a profondément marqué mon parcours et a contribué à forger mon identité. Je suis souvent confrontée à cette question qui semble hanter tant de personnes : « comment peut-on se relever après l’abandon ? » Personnellement, la réponse est aussi simple que complexe. Il y a des blessures, bien sûr, mais au-delà de la douleur, il y a une force inattendue qui peut émerger, une force qui ne se révèle que dans l’absence.
Mon histoire est celle d’une enfant abandonnée par sa mère biologique parce qu’elle a « fauté » (J’espère qu’elle a pris son pied !) dans un couple trop religieux. Ni problèmes économiques, ni addiction, ni immaturité. Juste cette faute, impardonnable aux yeux de ceux qui vivaient dans une vision rigide et dogmatique. Mais ce rejet, cette rupture, a en fait ouvert la porte à une vie que je n’aurais jamais pu imaginer autrement. Aujourd’hui, je ressens une immense gratitude pour cet abandon. Oui, gratitude.
L’abandon, loin de me détruire, m’a donné une liberté que je n’aurais peut-être jamais connue dans un cadre familial étouffant, soumis à des croyances restrictives. En grandissant sans figures parentales proches, j’ai pu construire une identité indépendante, sans l’influence d’un environnement que j’aurais probablement trouvé oppressant. J’ai découvert mes propres valeurs, j’ai appris à écouter ma propre voix et à forger mes propres opinions, loin des pressions familiales qui, pour beaucoup, façonnent silencieusement leur être. Ce processus a été douloureux, bien sûr, mais aussi immensément libérateur.
Je suis arrivée à la conclusion que, parfois, l’absence des parents peut être une bénédiction déguisée. J’ai vu des ami·e·s lutter pour s’affranchir des croyances limitantes imposées par leur famille. Je n’ai pas eu à livrer cette bataille. L’absence m’a incitée à devenir plus forte, à prendre des décisions et, surtout, à ne pas chercher à plaire à qui que ce soit. J’ai appris l’autonomie très tôt, et cette compétence est devenue un véritable atout dans ma vie d’adulte.
Cela dit, le chemin vers la réconciliation avec mon passé n’a pas été facile. Je ne vais pas vous mentir. L’abandon laisse une trace indélébile. Longtemps, j’ai ressenti cette douleur sourde de ne pas avoir été « assez » pour ma mère biologique, cette idée pernicieuse que quelque chose en moi n’allait pas. Mais un jour, j’ai décidé de ne plus laisser cette douleur définir qui j’étais. J’ai choisi de transformer cette blessure en force.
Cette force, c’est celle qui m’a permis de me redresser quand la vie a essayé de me mettre à terre. C’est celle qui m’a donné l’élan pour poursuivre mes rêves, même quand tout semblait difficile. J’ai compris que la douleur n’a pas à nous enfermer, qu’on peut en faire un moteur pour avancer. Aujourd’hui, je suis en paix avec mon passé, et même si la cicatrice reste visible, elle ne me définit plus. Elle est juste une partie de mon histoire, une page parmi tant d’autres.
C’est étrange, n’est-ce pas, de ressentir de la gratitude pour l’absence de ceux qui auraient dû être là pour nous ? Et pourtant, je leur dis « merci ». Merci de m’avoir laissée me débrouiller seule. Merci de ne pas m’avoir imposé des croyances qui ne sont pas les miennes. Leur absence m’a permis de découvrir qui je suis vraiment, sans interférence, sans compromis.
En grandissant, j’ai compris que la vie est faite de choix. Le choix de s’accrocher à la douleur ou celui de la transformer. Le choix de voir l’absence comme une tragédie ou comme une opportunité. Moi, j’ai choisi la seconde voie. J’ai choisi de voir l’abandon non pas comme un rejet, mais comme une chance de me construire en toute autonomie.
Mon histoire n’est qu’une parmi tant d’autres. Il y a autant de récits d’abandon qu’il y a de personnes qui les ont vécus. Certaines histoires sont plus dramatiques, plus douloureuses. D’autres peuvent, comme la mienne, trouver un chemin vers la réconciliation et la gratitude. J’aimerais inviter d’autres personnes à partager leur propre parcours, à ouvrir un dialogue sur les répercussions positives, inattendues parfois, de l’abandon.
Je crois que nous avons toustes quelque chose à apprendre de ces expériences. En partageant nos histoires, nous pouvons trouver du réconfort, de la compréhension, et pourquoi pas, une certaine forme de guérison. Parlons de ce que l’absence nous a apporté. Parlons de ces forces cachées qui émergent quand on est contraint·e de se débrouiller seul·e. Parlons de l’abandon, non comme une fatalité, mais comme une possible renaissance.
Et vous ? Quelles sont vos histoires d’abandon ? Comment avez-vous transformé cette expérience ? Je serais ravie de lire vos récits et d’apprendre de vous.






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