Les petits billets de Letizia

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Le Blasphème : Une Question De Croyance, Pas De Droit

Une Question De Croyance, Pas De Droit

Le concept de blasphème ne cesse de provoquer des débats enflammés, mais une question fondamentale reste souvent ignorée : le blasphème existe-t-il réellement en dehors des esprits qui y accordent de l’importance ? Dans une France laïque, qui se targue de protéger la liberté d’expression, la question du blasphème pose un dilemme crucial. Peut-on réellement parler d’une atteinte à ce qui relève uniquement du domaine du spirituel et de l’intime croyance, surtout dans une société où la loi sépare l’État des institutions religieuses depuis plus d’un siècle ?

Une Offense Subjective, Pas Une Infraction Légale

La première erreur serait de penser que le blasphème est une question de droit. En réalité, le blasphème n’a de sens que pour ceux qui adhèrent aux systèmes religieux. Il s’agit d’une offense ressentie par les croyants, et non d’un crime objectif. Pourtant, ce sentiment de sacrilège, qui appartient au domaine du subjectif, cherche encore parfois à se frayer un chemin dans la sphère publique, demandant des protections juridiques.

En France, la législation a largement tranché la question. Depuis la loi sur la laïcité de 1905, l’État s’est engagé à garantir une séparation stricte entre religion et sphère publique. L’article 1 de cette loi est clair : *« La République assure la liberté de conscience. » Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public. »* Le blasphème n’est pas un délit en France. Seule l’incitation à la haine religieuse est sanctionnée par la loi. Mais, malgré cette protection juridique de la liberté d’expression, les voix s’élèvent toujours, que ce soit des croyants offensés ou des conservateurs qui, dans des moments de crise, veulent limiter les discours critiques à l’égard des religions.

Liberté D’expression Et Sensibilité Religieuse

Le droit à la liberté d’expression permet de critiquer les idées, et cela inclut les religions. Cependant, dans un pays où coexistent de multiples croyances, cette liberté s’accompagne d’un défi constant : celui de la sensibilité religieuse. Certains estiment qu’au nom du respect, les croyances doivent être épargnées de toute critique, en particulier lorsque cette critique prend la forme du blasphème. Mais, la liberté d’expression n’a de sens que si elle inclut la possibilité de dire ce qui déplaît, même aux plus pieux.

Certes, le respect des convictions individuelles est une valeur importante. Mais, il ne doit jamais prévaloir sur la liberté de pensée et d’expression. En censurant ou en réprimant le blasphème, ne se risquerait-on pas à imposer une vision religieuse à toute la société ? Les croyants sont libres d’adhérer à leurs croyances, cependant ils ne peuvent pas imposer leurs dogmes à une nation tout entière. Cette réalité est au cœur de la République laïque.

L’évolution Législative : Vers Plus De Protection Ou De Liberté ?

En France, la législation autour du blasphème a évolué en faveur d’une plus grande liberté de parole. Historiquement, l’Ancien Régime punissait sévèrement les offenses religieuses, allant jusqu’à la peine de mort. Mais, depuis la Révolution française, et plus encore depuis la loi de 1905, le pays s’est engagé sur la voie d’une émancipation du religieux. En 1881, la loi sur la liberté de la presse a confirmé que la critique des religions, y compris sous des formes potentiellement perçues comme blasphématoires, faisait partie de la liberté d’expression.

Pourtant, ce cadre a été mis à l’épreuve par des crises contemporaines. Après les attentats contre Charlie Hebdo en 2015, la question du droit au blasphème a été réactivée. Si la loi protège la satire et la critique, elle met également en lumière une tension croissante entre ceux qui voient dans cette liberté une provocation inutile et ceux qui la considèrent comme un pilier fondamental de la République.

Conflits Historiques Et Contemporains Autour Du Blasphème

L’histoire regorge d’exemples où le blasphème a provoqué des conflits majeurs. De l’affaire des caricatures de Mahomet à l’affaire du Chevalier de La Barre, où un jeune homme fut exécuté en 1766 pour avoir manqué de respect à une procession religieuse, la notion de blasphème a toujours été instrumentalisée pour réprimer les voix dissidentes.

Plus récemment, les conflits autour de l’art, de la littérature ou du journalisme rappellent que ce concept est toujours une ligne de fracture dans la société. L’art contemporain, souvent provocateur, repousse régulièrement les limites de ce qui est jugé acceptable par certains croyants. Mais, ces affrontements culturels révèlent aussi la difficulté pour les religions à accepter leur place dans une société qui leur refuse un statut sacré. En 2021, la loi dite de « renforcement des principes républicains » a tenté de clarifier certaines de ces questions, notamment en visant les discours haineux, tout en réaffirmant la primauté de la liberté d’expression.

Conclusion

Le blasphème, au fond, existe uniquement dans les esprits qui lui accordent une valeur. Dans une République laïque, il ne saurait y avoir de crime contre une croyance. La véritable question est celle de savoir comment concilier le respect des croyances avec une liberté d’expression sans compromis. La France, pays de Voltaire et de la Révolution, a fait le choix de la liberté, et ce choix reste plus que jamais d’actualité.

Plutôt que de chercher à restreindre la parole, nous devons accepter le débat, y compris sur les sujets les plus sensibles. Et vous, qu’en pensez-vous ? Faut-il protéger les croyances au détriment de la liberté d’expression, ou au contraire, permettre à chacun de s’exprimer, quitte à choquer certains ? Le dialogue est ouvert.

Venez partager vos réflexions et participez au débat.


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