Les petits billets de Letizia

Un blog pour donner à réfléchir, pas pour influencer… #SalesConnes #NousToutes


Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

Une Révolution de l’Amitié

Au-delà des Normes Romantiques

Chères lectrices, chers lecteurs,

Aujourd’hui, je veux parler d’un sujet qui me touche profondément, une réflexion que j’ai mûrie avec le temps et qui, je l’espère, résonnera avec certain·e·s d’entre vous : l’idée que nous pourrions réinventer nos attachements affectifs à travers l’amitié plutôt que le romantisme. Je me suis souvent demandé pourquoi, dans notre société, l’amour romantique est érigé en modèle suprême de bonheur, alors que tant d’entre nous en sortent déçu·e·s, fatigué·e·s, voire brisé·e·s.

Les relations amoureuses, en particulier celles qui s’inscrivent dans un cadre hétérosexuel, sont encore trop fréquemment imprégnées de schémas de domination. On le voit dans la manière dont certaines attentes genrées perpétuent des déséquilibres : l’homme est censé être fort, protecteur, tandis que la femme doit être douce et compréhensive. Ces rôles rigides ne laissent que peu de place à l’authenticité et conduisent souvent à une forme de désillusion. Combien d’histoires d’amour finissent par se dissoudre dans des malentendus, des frustrations accumulées, ou tout simplement l’épuisement de tenter de correspondre à ce que l’autre attend de nous, souvent sans le dire explicitement ?

En revanche, les amitiés – et je parle ici des amitiés profondes, authentiques – offrent un autre horizon. Elles ne sont pas teintées par ces attentes implicites, cette course à la perfection ou à la fusion. Ce qui me fascine dans l’amitié, surtout entre personnes de sexes différents, c’est cette possibilité de rencontrer l’autre sur un pied d’égalité, sans que nos échanges soient colorés par la pression romantique. L’amitié féministe, en particulier, ouvre un espace libérateur où l’on peut se soutenir mutuellement, s’écouter sans jugement et où l’épanouissement individuel est valorisé autant que la relation elle-même.

Si nous comparons l’amour romantique traditionnel à l’amitié, il y a une nuance importante à explorer. Dans l’amitié, on ne cherche pas à se posséder, à se transformer l’un·e l’autre. Il y a cette liberté de coexister tout en respectant nos différences. La solidarité, l’écoute active et la compréhension mutuelle forment un socle bien plus stable que les élans passionnés, souvent destructeurs, que l’on associe à la romance. J’en viens même à penser que l’amitié offre ce que j’appelle le « bonheur des pierres » : une joie paisible, solide et enracinée. C’est ce bonheur discret, mais durable, qui naît des liens sincères, loin des vagues tumultueuses du désir ou de la possessivité.

Nous pourrions toutes et tous nous demander : pourquoi ne pas valoriser davantage ces relations amicales qui nous nourrissent, qui nous renforcent, et qui ne nous emprisonnent pas dans des rôles imposés ? Pourquoi ne pas chercher dans l’amitié la complicité émotionnelle que l’on réserve souvent, à tort, au couple amoureux ?

L’amitié féministe, c’est aussi une manière de penser différemment nos liens affectifs, une alternative aux modèles romantiques qui ne fonctionnent plus pour beaucoup d’entre nous. C’est refuser la hiérarchisation des relations – l’idée que l’amour romantique est « au-dessus » de tout, tandis que l’amitié serait reléguée au second plan. Il s’agit plutôt d’unir ces deux sphères pour permettre des expériences plus authentiques et épanouissantes.

Et si nous apprenions à cultiver ces amitiés comme des refuges de bonheur, de solidarité et d’acceptation ? À redéfinir nos attentes affectives pour y inclure des pratiques qui favorisent la communication bienveillante, la compréhension sans jugement, le respect mutuel des limites et des aspirations de chacun·e. Ces amitiés pourraient devenir des espaces où nous grandissons ensemble sans la pression des conventions sociales.

Nous pouvons inventer un autre chemin, où le bonheur ne réside pas dans la passion éphémère, mais dans la solidité tranquille des relations basées sur la confiance, l’écoute et l’égalité. En embrassant ce « bonheur des pierres », nous pourrions redécouvrir des formes de bonheur qui, bien que moins éclatantes, sont infiniment plus durables et réconfortantes.

Alors, je vous invite à repenser l’attachement romantique. Pourquoi ne pas, nous aussi, embrasser une révolution de l’amitié, où l’affection ne signifie pas possession, mais reconnaissance et soutien mutuel ? Cela pourrait être un premier pas vers une vie affective plus sereine et libérée des schémas de domination. Nous pourrions peut-être tous, à notre manière, trouver dans cette simplicité, ce bonheur discret, mais puissant, qui nous porte sans nous brûler.


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