Le Mensonge Et Le Pouvoir Des Mots
Chères lectrices, chers lecteurs,
Aujourd’hui, je voudrais partager avec vous une histoire de lycée qui m’a marquée. Ah, le lycée… cet âge béni où chaque regard en coin, chaque soupir, chaque soupçon d’indifférence est vécu comme un drame en trois actes. On pense que notre journal intime est sacré, un jardin secret où tout peut être révélé sans conséquence. C’était mon cas… enfin, jusqu’au jour où j’ai découvert qu’il servait de lecture de groupe pour mes « amies » en mal de sensations fortes.
La Découverte Du Crime
Un mercredi après-midi, je rentre d’un cours pénible, et là, surprise : trois de mes chères copines, Aurore, Camille et Justine, gloussaient comme des dindes dans un coin du couloir. Les visages rouges, étouffant des rires… et surtout, tenant entre leurs mains mon précieux journal ! Oui, celui où j’avais consigné mes pensées les plus sincères, mes jugements les plus caustiques, et mes critiques acerbes (écrites rien que pour moi). Pour ne rien arranger, elles avaient apparemment pris goût à ma prose acerbe…
Dans une explosion de colère intérieure, je me dis alors : « Et si je les laissais plonger la tête la première dans le piège qu’elles viennent de poser ? » La partie allait être encore plus savoureuse si j’écrivais, sciemment cette fois, quelques piques bien dosées pour chacune d’elles.
L’art De La Manipulation Au Stylo
Premier acte : critiquer leur apparence. Pour Camille, la princesse de notre bande, j’ai ajouté que son obsession pour ses cheveux frisottants la rendait superficielle et qu’au fond, elle me tapait sur le système avec son air de « miss je-sais-tout ». Second acte : le comportement. Pour Aurore, toujours un peu en retrait, j’ai glissé que sa loyauté n’était qu’une façade et que, d’après moi, elle aimait répandre des rumeurs sur Justine pour se rendre intéressante.
Pour Justine, la rebelle, celle qui se pensait au-dessus des autres, j’ai simplement insinué qu’elle n’était jamais sincère. Juste pour voir ce que ça donnerait. Avec chaque ligne, je m’imaginais leurs réactions en les découvrant. J’ai soigné mon scénario, chaque phrase un petit poison savoureux qui les toucherait exactement là où ça fait mal.
Les Premières Étincelles
Le lendemain, le théâtre a commencé. Comme prévu, mes chères amies ne pouvaient pas s’empêcher de lire la suite. Les tensions ont émergé au goûter quand Aurore a lancé un regard acéré à Justine en lui disant : « Sérieusement, moi, je n’aurais jamais critiqué ma propre amie devant des garçons pour me rendre intéressante. » Justine, qui ne comprenait rien, a pris l’attaque de plein fouet et, pour ne pas perdre la face, a répliqué : « Ah, parce que toi, avec tes ragots sur Camille et ses « frisottis », tu te crois mieux que moi ? » À ce moment-là, Camille a sursauté et, la bouche ouverte, les yeux écarquillés, elle a jeté un regard noir aux deux autres. Bingo !
En quelques mots griffonnés dans mon journal, je les avais métamorphosées en véritables ennemies. Leur méfiance grandissait chaque jour. Je savourais le spectacle : ces petites trahisons, ces regards venimeux et ces reproches à peine déguisés qu’elles se jetaient. Moi ? Je me tenais en retrait, faussement innocente.
Le Bouquet Final : La Révélation
À ce stade, les choses avaient tellement dégénéré que le groupe tout entier se fissurait à vue d’œil. Alors, en grande dramaturge, j’ai introduit un dernier acte. Dans mon journal, j’ai écrit une confession mystérieuse : « Peut-être que tout ce que vous avez lu n’est pas vrai… mais peut-être que tout n’est pas faux non plus. À vous de démêler le vrai du faux, mes chères hypocrites ! »
Le lendemain, après leur avoir laissé le plaisir de lire cette note, je les ai vues blêmir. Elles ne savaient plus que croire, ni qui accuser. C’était d’un délice indescriptible de voir leurs visages pétrifiés, scrutant chaque mot, tentant de trouver le vrai du faux dans mes écrits. Elles n’avaient plus confiance en rien, et surtout pas en elles-mêmes.
Épilogue : Quand Tout Part En Fumée
Voilà comment, en quelques jours, j’ai assisté à la chute de mon propre groupe d’amies, orchestrée uniquement par mes mots. J’avoue, un petit goût amer m’a envahi lorsque la situation est devenue incontrôlable. La bande s’est brisée, les rancœurs sont restées, et chacune est repartie dans son coin, avec son petit tas de soupçons et de reproches.
Alors, oui, peut-être que je le regrette un peu… mais je ne peux défaire, ni ce que j’ai fait, ni ce qu’elles ont fait. Est-ce que je le referai ? Sans doute pas. Mais, je ne peux nier que ce fut jouissif de voir s’effondrer leurs illusions hypocrites.
Un brin de sagesse pour la fin : peut-être que certains secrets devraient vraiment rester enfouis dans des pages verrouillées. À méditer… mais sans regret.






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