Les petits billets de Letizia

Quand La Mondialisation Tourne Au Karaoké Culturel

La distinction autrefois étanche entre culture légitime et culture populaire vacille. À l’ère de la mondialisation culturelle, des figures issues de l’industrie du divertissement, comme Beyoncé, deviennent des objets d’étude dans des sphères académiques qui leur étaient historiquement fermées. Mais, est-ce là un triomphe de la diversité ou une banalisation de la profondeur culturelle ?

Beyoncé, véritable icône de la pop mondiale, cristallise cette mutation. Son œuvre, scrutée sous les prismes de l’afroféminisme, des Études de genre et de l’intersectionnalité, est étudiée dans des disciplines variées comme la philosophie et l’histoire de l’art. Une prouesse ? Certes. Mais, cette reconnaissance suscite des débats virulents. Pour certain·e·s, valoriser des produits de la culture de masse revient à sacrifier les fondements d’une réflexion universelle, fondée sur des œuvres jugées intemporelles.

Il est indéniable que les succès planétaires de Beyoncé incarnent une mondialisation culturelle heureuse, imprégnée d’un engagement politique fort. Mais, ce bonheur globalisé porte un risque : une standardisation du goût qui dilue les enjeux intellectuels. L’attention portée aux figures de l’entertainment pourrait bien évacuer la profondeur de la notion même de culture, réduisant l’universel à un spectacle commercial.

Les études culturelles, en s’ouvrant à des objets tels que la télé-réalité, les séries ou les jeux vidéo, dynamitent les frontières. Pourtant, cette révolution académique divise. S’agit-il d’un enrichissement ou d’un nivellement ? La fascination pour des icônes populaires comme Beyoncé traduit-elle une démocratisation bienvenue ou une dérive inquiétante ?

Le débat reste ouvert. Une chose est sûre : dans cette ère où culture légitime et populaire s’entrelacent, les balises traditionnelles s’effacent, laissant place à un paysage aussi stimulant qu’interrogateur.