Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Contrôle Coercitif : Quand La Liberté Devient Un Enjeu De Justice

Un Tournant Dans La Lutte Contre Les Violences Conjugales

En France, un nouveau chapitre s’ouvre dans la lutte contre les violences conjugales. Avec l’adoption récente de la notion de « contrôle coercitif » dans le Code pénal, je ressens un mélange d’espoir et d’indignation. Espoir, parce que cette avancée législative marque une reconnaissance essentielle des mécanismes insidieux qui sous-tendent la violence conjugale. Indignation, parce qu’il aura fallu tant de temps et tant de vies brisées pour que cette réalité soit enfin prise au sérieux. Ce n’est pas qu’une question de coups ; c’est un système de domination psychologique qui s’installe dans le quotidien des victimes, détruisant leur liberté, leur autonomie et parfois leur vie.

Le contrôle coercitif, tel qu’il est défini dans cette nouvelle loi, englobe des comportements tels que le contrôle des communications, l’isolement social, le harcèlement moral ou encore les menaces. Ces tactiques ne sont pas de simples disputes conjugales ; ce sont des outils de domination. Je ne peux m’empêcher de penser à toutes ces personnes, majoritairement des femmes, qui vivent sous ce joug invisible mais terriblement oppressant. Comme l’a si bien résumé la députée Colette Capdevielle, il s’agit d’un véritable « terrorisme patriarcal », souvent précurseur des féminicides.

Ce qui me frappe également, c’est le parallèle troublant établi entre les victimes de contrôle coercitif et les prisonniers de guerre. Albert Biderman, un chercheur américain, avait étudié les méthodes utilisées sur des soldats capturés pendant la guerre de Corée. Ces mêmes tactiques – intimidation, isolement, manipulation – sont utilisées dans les relations abusives. Cela me glace le sang de réaliser que ces violences psychologiques sont si efficaces qu’elles brisent des individus comme on briserait des prisonniers dans un système totalitaire.

Je trouve fascinant que cette notion ait été théorisée par le sociologue américain Evan Stark en 2007 comme un « crime de liberté ». Cette expression résonne profondément en moi. La liberté est une valeur universelle, un droit humain fondamental, et pourtant elle est systématiquement bafouée dans ces relations toxiques. Ce qui me touche particulièrement, c’est que cette reconnaissance légale donne enfin une voix à celles et ceux qui souffrent en silence.

Il est également essentiel de souligner l’impact psychologique durable du contrôle coercitif sur les victimes. Le syndrome de stress post-traumatique complexe (SSPT-C), souvent observé chez les prisonniers de guerre ou les survivants de régimes totalitaires, est aussi diagnostiqué chez les victimes de violence conjugale. Je ne peux qu’imaginer l’ampleur du traumatisme que ces personnes doivent affronter au quotidien. Cette prise en compte des conséquences mentales me semble cruciale pour accompagner les victimes dans leur reconstruction.

Enfin, je pense que cette avancée législative doit s’accompagner d’une sensibilisation massive. Reconnaître le contrôle coercitif comme un crime est une victoire, mais cela ne suffit pas. Il faut éduquer nos sociétés pour qu’elles comprennent ces mécanismes et puissent agir avant qu’il ne soit trop tard. Je rêve d’un monde où chacun·e aurait les outils pour repérer ces comportements et où aucune victime ne serait laissé·e seule face à son agresseur·euse.


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