Je Refuse De Cautionner L’héritage Des Violences Éducatives
Je me souviens encore de ce jour précis où tout a basculé. J’étais invitée chez des proches, une famille bien sous tous rapports, où l’éducation « ferme mais juste » était une fierté. À table, un enfant de six ans renversa maladroitement son verre. La réaction fut immédiate : une gifle, suivie de l’excuse habituelle – « Il faut bien qu’il apprenne. » J’ai senti mon estomac se nouer. Mais le plus insupportable, c’était l’indifférence générale. Personne ne broncha. Comme si ce geste relevait de l’ordre naturel des choses. C’est là que j’ai compris : le silence cautionne la violence.
Un Silence Bien Organisé
Il est troublant de voir comment, dans certaines familles influentes ou institutions reconnues, les abus sont minimisés, voire effacés. L’affaire de Notre-Dame-de-Bétharram en est un exemple glaçant. Derrière les façades respectables, des générations d’enfants ont été brisés, sous couvert d’éducation stricte et d’obéissance. On nous répète que ces violences étaient « une autre époque », qu’elles servaient à « former le caractère ». Mais à quel prix ? Laisser ces récits sombrer dans l’oubli, c’est trahir les victimes et prolonger l’impunité.
Rompre Avec Les Traditions Toxiques
J’ai grandi dans une culture où la fessée était encore perçue comme un acte d’amour. On m’a enseigné qu’un enfant devait « respecter les adultes », sous-entendu se soumettre à eux. Remettre cela en question, c’était affronter tout un héritage familial, entendre des phrases comme « Nous, on a été élevés comme ça, et on s’en est bien sortis ». Mais non, on ne s’en est pas si bien sorti que ça. L’anxiété, la peur de mal faire, la difficulté à poser des limites en tant qu’adulte… tout cela est la conséquence de violences banalisées.
Refuser cet héritage, c’est un combat quotidien. C’est se heurter aux jugements, aux regards désapprobateurs quand on choisit d’éduquer autrement. C’est aussi accepter de déconstruire ses propres réactions, d’apprendre à gérer la colère sans reproduire ce que l’on a subi. C’est difficile, mais essentiel.
Protéger L’enfant Avant Tout
Nous avons une responsabilité : celle de ne jamais être complices, même passivement. Un parent ne peut pas tout contrôler, mais il peut rester vigilant, poser des limites claires face aux systèmes abusifs. Aujourd’hui, il existe des lois contre les violences éducatives, des ressources pour accompagner les parents dans une parentalité bienveillante. Encore faut-il les utiliser et les défendre.
Dire non à la violence éducative, ce n’est pas être laxiste. C’est choisir d’élever nos enfants sans peur. C’est leur apprendre le respect mutuel, et non la soumission.
Un Appel À La Responsabilité Collective
Je refuse que la peur continue à façonner l’éducation. Je refuse de fermer les yeux sous prétexte que « c’est ainsi depuis toujours ». Nous avons les moyens de faire autrement, et nous avons le devoir d’agir. Chaque enfant mérite d’être protégé, entendu et respecté.
Il ne s’agit pas seulement de nos choix individuels, mais d’une transformation collective. Chaque pas compte. Chaque prise de parole brise un peu plus la chaîne. Et si nous étions la génération qui met fin à cet héritage toxique ?






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