Les petits billets de Letizia

Un blog pour donner à réfléchir, pas pour influencer… #SalesConnes #NousToutes


Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

Le Jour Où J’ai Cessé De Laisser Mon Passé Me Raconter

Quand Le Passé Ne Nous Tient Plus En Laisse

Il y a des souvenirs qui collent à la peau comme la résine des pins un jour de mistral. On croit les avoir oubliés, mais il suffit d’une odeur, d’un mot soufflé par mégarde, et voilà qu’ils nous reviennent, bruts, entiers, comme un courant d’air qui claque une porte.

Le mien, c’est une scène figée dans le temps. Une après-midi d’août, sous un soleil à faire éclater les pierres. J’attendais, sur un banc de bois, que quelqu’un vienne. Une mère adoptive, une promesse envolée, et moi, la petite qui regarde la route se perdre dans la chaleur tremblante. Elle n’est jamais venue.

Longtemps, j’ai trimballé ce moment avec moi, comme une besace trop lourde. Chaque abandon, chaque déception, venait le raviver. « Tu vois, c’est toujours pareil. On t’oublie. » Une rengaine insidieuse, un refrain dont je connaissais chaque note.

Puis un jour, il y a eu ce déclic. Une phrase, glissée par une vieille amie à l’ombre d’un platane :

– Peut-être que ce n’est pas elle qui t’a laissée, mais toi qui es restée figée dans l’attente.

La phrase m’a piqué comme une gorgée de cocktail avalée trop vite. J’y ai pensé en rentrant, en posant mes clés sur la table, en écoutant le silence autour de moi. Et si je pouvais voir les choses autrement ?

J’ai commencé doucement. D’abord, j’ai écrit. Des pages entières, où j’ai laissé couler la colère, la tristesse. Ensuite, j’ai lu, écouté celles et ceux qui, comme moi, avaient fait la paix avec leurs fantômes. La thérapie a été un phare dans cette mer agitée. Peu à peu, j’ai compris que je n’étais plus cette enfant sur son banc. Que je pouvais choisir une autre histoire.

Depuis, quelque chose a changé. Oh, les souvenirs sont toujours là, mais ils ne dictent plus ma route. Je ne cherche plus dans le regard des autres une confirmation que je vaux quelque chose. Je suis devenue ma propre boussole.

Si je devais donner un conseil à celles et ceux qui, comme moi, portent un passé trop lourd, ce serait celui-ci : laissez-vous la permission de réécrire votre histoire. Non pas pour la déformer, mais pour la regarder avec d’autres yeux. Parfois, il suffit d’un rien : une parole, un livre, un moment de silence sous un ciel étoilé.

Aujourd’hui, quand je repense à cette après-midi d’août, je ne ressens plus la même douleur. J’imagine cette petite fille de huit ans, ses jambes battant l’air, le menton relevé, et je lui souffle avec tendresse : « Viens, on s’en va. Il y a tant de routes à explorer. »


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