Mon Voyage Intérieur : Ce Que Le Monde M’a Appris Sur Moi-Même
J’ai toujours cru que le voyage servait à découvrir le monde. C’est vrai, en partie. Mais ce que personne ne m’avait dit, c’est que c’est surtout une rencontre avec soi. Une confrontation douce, parfois brutale, avec ce que l’on croyait être, avec ce que l’on n’osait pas encore devenir.
Je me souviens d’un matin à Thio, en Nouvelle-Calédonie. L’air sentait les épices et la terre chaude après la pluie. Un vieil homme m’a tendu un kawa brûlant, son sourire plissé d’années de soleil et de bienveillance. « Assieds-toi, prends le temps », m’a-t-il dit en xârâcùù, ses mots glissant entre deux gorgées fumantes. Je n’avais nulle part où aller, et pourtant, cette phrase, une fois traduite a résonné en moi comme une révélation : j’étais toujours pressée. Pressée de voir, pressée de comprendre, pressée d’avancer. Mais où, au juste ?
Les voyages m’ont offert des miroirs inattendus. À chaque rencontre, j’ai appris quelque chose sur moi. Au Pérou, une guide quechua m’a expliqué comment elle écoutait la montagne avant chaque décision importante. J’ai ri, d’abord. Puis, un matin, face aux sommets embrumés de la cordillère des Andes, j’ai essayé. J’ai laissé le vent me traverser, le silence m’emplir. Je me suis surprise à poser des questions différentes : qu’est-ce qui compte vraiment ? Qu’est-ce que je fuis ?
Mais voyager, c’est aussi s’aventurer hors de ses repères. Comme cette nuit où, encore au Pérou, mon bus s’est arrêté au milieu de nulle part. Une panne, un chauffeur mutique et une vingtaine de passager·e·s somnolent·e·s. Panique. Je n’avais pas d’autre choix que d’attendre. Rien de grave, et pourtant, moi qui contrôlais toujours tout, j’étais démunie. Et puis une dame m’a tendu une mangue, en riant. J’ai ri aussi. Et j’ai compris que parfois, il suffit d’accepter l’instant, au lieu de vouloir le maîtriser.
Il y a aussi ces moments où l’on se retrouve seul·e avec soi-même. En Camargue, j’ai passé une journée dans une rizière, les pieds dans l’eau, sous un soleil doux. Pas d’écran, pas de bruit, juste moi et le chant des oiseaux. Le temps a ralenti. Et dans ce silence, j’ai entendu ce que je taisais depuis longtemps : mes envies réelles, mes peurs déguisées. J’ai compris que voyager, ce n’est pas s’échapper, c’est revenir à soi.
Aujourd’hui, je n’ai plus besoin d’un billet d’avion pour retrouver cette sensation. J’ai appris à ralentir, à écouter, à faire confiance à l’instant. Mais chaque voyage a laissé une empreinte, un enseignement qui m’accompagne au quotidien. Peut-être que le plus beau des voyages, finalement, est celui qui nous apprend à être pleinement présent·e, où que l’on soit.






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