Le Fossé Orgasmique : Pourquoi Je Refuse De M’y Résigner
Il y a quelques années, dans une relation que je pensais équilibrée, j’ai vécu une prise de conscience brutale. Après un énième rapport où mon plaisir avait été relégué au second plan, mon partenaire, satisfait, s’était endormi alors que moi, je fixais le plafond, frustrée et en colère. Ce soir-là, j’ai compris que quelque chose clochait profondément dans notre manière d’envisager la sexualité. Pourquoi son orgasme semblait-il être une évidence, tandis que le mien était une option ?
Ce phénomène n’est pas qu’une anecdote personnelle : il a un nom. On l’appelle le « fossé orgasmique ». Selon une étude récente de l’IFOP, 91 % des hommes hétérosexuels atteignent l’orgasme lors de leurs rapports, contre seulement 69 % des femmes hétérosexuelles. Ce déséquilibre, qui semble presque « normalisé », est le reflet d’une société où les scripts sexuels sont encore largement dominés par une vision phallocentrée.
Ces scripts, on les connaît toutes : la pénétration comme point culminant, le plaisir masculin comme moteur principal et l’idée sous-jacente que le plaisir féminin est plus complexe ou secondaire. Pourtant, ce n’est pas une fatalité biologique, mais bien une construction socioculturelle. On nous a appris à être patient·e·s, à ne pas déranger, à ne pas trop demander. Résultat ? Nous intériorisons cette inégalité jusque dans nos lits.
Mais, il est temps de déconstruire ces scripts. Cela commence par l’éducation sexuelle, qui doit inclure des discussions sur le plaisir féminin dès le plus jeune âge. Cela passe aussi par des conversations honnêtes avec nos partenaires. J’ai moi-même dû apprendre à exprimer mes besoins sans culpabilité. Oui, c’est inconfortable au début. Mais, croyez-moi, ça change tout.
Un autre levier essentiel ? La connaissance de son propre corps. Comment exiger un plaisir égalitaire si l’on ne sait pas ce qui nous fait vibrer ? La masturbation féminine reste encore taboue pour beaucoup, alors qu’elle est un outil puissant d’émancipation sexuelle.
Et puis, il y a cette question cruciale : pourquoi devrions-nous nous contenter de relations où notre plaisir est secondaire ? Exiger une sexualité équilibrée et respectueuse n’est pas un caprice ; c’est un droit. Et si certain·e·s partenaires ne sont pas prêt·e·s à remettre en question leurs habitudes, alors peut-être qu’iels ne méritent tout simplement pas notre intimité.
Parler du plaisir féminin sans tabou est un acte profondément politique. C’est refuser que nos désirs soient invisibilisés ou minimisés. C’est affirmer que notre plaisir compte autant que celui des hommes. Alors oui, je suis optimiste : les choses bougent. Mais, pour que ce changement s’accélère, il faut continuer à briser les silences et à revendiquer haut et fort notre droit au plaisir.
Parce qu’au fond, ce fossé orgasmique n’a rien d’inévitable : il suffit de refuser de s’y résigner pour commencer à le combler.






Laisser un commentaire