Patriotisme Et Politique : Union Ou Exclusion ?
Le patriotisme est un mot qui résonne différemment selon qui le prononce. Pour certains, il évoque un attachement sincère à leur pays, une reconnaissance des traditions et des valeurs qui les ont forgés. Pour d’autres, il devient un prisme d’exclusion, un outil manié pour désigner un « eux » en opposition à un « nous ». Mais, où se situe la frontière entre un patriotisme sain et une instrumentalisation politique ?
Le Patriotisme, Un Concept Aux Multiples Visages
Par essence, le patriotisme renvoie à l’amour et à la fierté d’appartenir à une nation. Il se distingue du nationalisme, qui implique souvent une hiérarchisation des peuples. Mais, cette définition simple cache une réalité bien plus complexe. Pourrait-on se dire patriote tout en étant critique envers son pays ? L’histoire montre que oui. De grands penseurs, comme Albert Camus, considéraient qu’aimer sa patrie impliquait aussi d’avoir l’exigence de l’améliorer.
Pourtant, certains détournent ce sentiment en le réduisant à des symboles : un drapeau brandi, un hymne chanté à tue-tête. Mais, le patriotisme ne se limite pas à ces manifestations visibles. Il est aussi un engagement quotidien, une volonté d’agir pour une société plus juste et solidaire.
Quand La Politique S’empare Du Patriotisme
Le patriotisme est souvent récupéré à des fins politiques. La droite, en particulier l’extrême droite, s’en sert comme un marqueur idéologique, mettant en avant la souveraineté, les racines chrétiennes ou encore la « menace » de la mondialisation. Marine Le Pen a ainsi fait du patriotisme un étendard de son discours, l’associant à une vision très restrictive de l’identité française.
Face à cela, la gauche oscille entre rejet et tentative de réappropriation. Certains voient dans ce patriotisme une exclusion implicite de ceux qui ne correspondent pas aux canons d’une France « traditionnelle ». D’autres, à l’image de Jean-Luc Mélenchon, revendiquent un patriotisme inclusif, fondé sur les valeurs républicaines et non sur des critères ethniques ou culturels.
Les Influenceurs Et Les Médias : Un Patriotisme Simplifié ?
Dans l’espace numérique, des figures publiques comme Tibo Inshape participent à la diffusion d’une vision simpliste du patriotisme. En mettant en avant des symboles forts comme l’armée, le drapeau et le sport, ils contribuent à forger une image du patriotisme très visuelle, mais parfois déconnectée des enjeux réels.
Les médias ne sont pas en reste. Certains plateaux télés, notamment sur CNews, débattent du « patriotisme en danger » et alimentent une rhétorique anxiogène, opposant systématiquement patriotes et « mondialistes », comme si ces catégories étaient hermétiques.
Patriotisme Et Cohésion Sociale : Un Équilibre Fragile
Le patriotisme peut être un vecteur d’union lorsqu’il est inclusif. Il peut rassembler autour de valeurs communes et renforcer le sentiment d’appartenance à une même communauté. Cependant, lorsqu’il est employé pour exclure ceux qui ne correspondent pas à une vision rigide de la nation, il devient un facteur de division. Les débats sur les « vrais Français » ou la « compatibilité » de certaines cultures avec la France illustrent cette tendance dangereuse.
Pourtant, nous avons besoin d’un patriotisme réconciliateur, qui ne soit ni un prétexte à la xénophobie ni un tabou. Car aimer son pays, c’est aussi vouloir qu’il avance vers plus de justice et d’inclusion.
Conclusion : Quel Patriotisme Pour Demain ?
Le patriotisme n’est ni bon ni mauvais en soi. Tout dépend de l’usage qu’on en fait. Plutôt que de le laisser aux mains de ceux qui veulent en faire un outil d’exclusion, il est temps de le repenser dans une perspective ouverte et bienveillante. Car un pays n’est pas qu’un drapeau ou une frontière : c’est avant tout une idée en mouvement, à laquelle chacun peut contribuer.






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