Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Autonomie Corse : Entre L’île Et Moi, Une Histoire De Reconnaissance

Je M’interroge Sur Ce Que Signifie Donner À La Corse Ce Qu’elle Est En Droit De Demander.

Introduction

La Corse. Ce nom-là résonne en moi comme une vague qui revient sans cesse frapper la rive de mes souvenirs. J’y ai vécu mes huit premières années, à Bonifacio, perchée sur ses falaises lumineuses, bercée par la lumière crue et les silences vibrants du maquis. Il y a des lieux qu’on ne quitte jamais vraiment, même quand on vit désormais sur une autre côte – la Côte d’Azur, la mienne aujourd’hui. Quand j’entends parler d’autonomie corse, ce n’est pas une ligne dans un journal qui s’ouvre devant moi, mais une foule d’images, d’odeurs, de visages. Et une question intime, tenace : la Corse, veut-elle partir, ou juste être mieux entendue ?

Récemment, quarante élus socialistes ont signé une tribune contre toute idée d’autonomie législative pour l’île, relançant un débat aussi ancien que sensible. J’ai lu leurs arguments, les ai pesés, confrontés à mes émotions, et aujourd’hui, j’ai envie d’écrire – pas pour trancher, mais pour comprendre, avec vous.

Ce Que Dit Le Débat : Une Île, Des Tensions

Dans un article publié par Corse Net Infos, quarante parlementaires socialistes s’élèvent contre l’idée d’une autonomie particulière pour la Corse. Leur crainte : une atteinte à l’unité républicaine, à l’égalité devant la loi et aux principes de laïcité. Pour eux, toute différenciation territoriale menace le socle même de la République.

Ce qui me frappe dans cette prise de position, ce n’est pas tant son contenu que ce qu’il révèle : un malaise profond au sein même de la gauche, pourtant historiquement ouverte à la décentralisation. Il y a là une tension douloureuse entre le respect des différences et la peur de voir s’émietter l’ensemble.

En tant que citoyenne, mais aussi en tant que femme attentive à la complexité du lien social, je ressens cette crispation comme un symptôme. Et si cette peur du « statut spécial » n’était que le masque d’une angoisse plus ancienne ? Celle d’une République qui doute de sa propre capacité à être juste sans être rigide.

Entre Mémoire Collective Et Réalité Du Quotidien

La question corse ne date pas d’hier. Depuis le statut particulier de 1982, jusqu’à celui de collectivité territoriale unique en 2018, l’île a toujours cherché à adapter les règles nationales à ses réalités locales. Et pourtant, le sentiment d’abandon persiste.

Quand je repense à Bonifacio, je me rappelle aussi les routes abîmées, les difficultés pour accéder aux soins, les classes parfois sans enseignants. Rien d’exotique ici. Juste des besoins concrets, criants. La question n’est donc pas seulement culturelle ou identitaire, elle est aussi sociale, économique, structurelle.

Et moi, dans tout ça ? J’ai grandi entre la mer et le vent, j’ai appris à aimer la France en plusieurs nuances. Faut-il vraiment choisir entre identité et efficacité ? Je ne le crois pas. Ce que je crois, c’est qu’on peut avoir besoin d’une gestion locale plus fine sans vouloir rompre le fil national.

Une Autonomie Législative, Oui… Mais Laquelle ?

Face aux blocages, d’autres voix proposent une voie médiane. Une autonomie législative ciblée, concentrée sur des domaines comme la culture, l’environnement ou l’aménagement du territoire. Le reste – justice, fiscalité, sécurité – resterait dans le giron de l’État.

Cette option a le mérite d’éviter les extrêmes. Elle reconnaît une singularité sans céder à une logique séparatiste. Mais elle pose aussi une question exigeante : comment articuler cette autonomie avec les principes de la République ?

Personnellement, je la trouve pertinente. Parce qu’elle parle à la fois au cœur et à la raison. Elle donne à la Corse les moyens de se gérer là où elle en a le plus besoin, tout en restant pleinement dans la maison commune. C’est un pari sur la confiance. Et la confiance, c’est précisément ce qui manque dans tant de nos territoires.

Entre Unité Nationale Et Sentiment D’appartenance

L’unité de la République est précieuse. Mais elle ne doit pas devenir une armure qui nous empêche de respirer. Ce que j’entends dans la voix de beaucoup de Corses, ce n’est pas une volonté de repli, mais un appel à la reconnaissance.

Appartenir à un territoire, c’est bien plus qu’une case sur une carte. C’est une langue qu’on entend au marché, une manière de célébrer, de pleurer, de résister. Mais appartenir à la France, c’est aussi sentir qu’on compte, qu’on est écouté, qu’on fait partie du projet commun.

Je crois qu’on peut concilier les deux. Que la République est plus forte quand elle sait accueillir les histoires particulières, sans crainte de se dissoudre.

Ce Que Ce Débat Dit De Nous, De La France, De Demain

Au fond, ce débat sur l’autonomie corse nous dit quelque chose de nous-mêmes. De notre rapport à l’autorité, à la diversité, à l’idée même de gouvernance. Il nous interroge : savons-nous encore faire confiance aux territoires ? Acceptons-nous de partager le pouvoir autrement ?

La Corse n’est pas seule. D’autres régions posent des questions similaires : l’Alsace, la Bretagne, même certains territoires ultramarins. Le défi, c’est d’inventer une République moins verticale, plus respirable. Une République qui écoute sans se renier.

Et si, finalement, la solution passait par là : dans une gouvernance qui ne serait plus seulement juridique, mais humaine, sensible, enracinée ?

Conclusion – Vers Une Autonomie Du Cœur ?

Je n’ai pas de certitudes définitives. Mais j’ai une conviction : la Corse ne demande pas la lune. Elle demande à être comprise dans ce qu’elle est, dans ce qu’elle vit, dans ce qu’elle espère. Ce n’est pas un caprice, c’est une quête de justice.

Je refuse les caricatures, les raccourcis idéologiques. J’appelle à une démocratie qui sait conjuguer le droit et le vivant. Une République capable d’écouter ses îles sans les craindre. Peut-être qu’alors, nous pourrons vraiment parler d’autonomie. Pas seulement politique, mais émotionnelle. Une autonomie du cœur.

Quant à l’indépendance, la Corse n’en a pas les moyens !

 


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