Les petits billets de Letizia

Un blog pour donner à réfléchir, pas pour influencer… #SalesConnes #NousToutes


Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

Dieu, Entre Besoin De Sens Et Soif De Pouvoir

 Une Réflexion Lucide, Entre Quête Personnelle Et Critique Historique.

À Quoi Sert Un Dieu, Vraiment ?

C’est une question qui me revient souvent, surtout quand j’entends « Dieu » invoqué à tout propos, dans la douleur comme dans la guerre, dans les promesses d’éternité comme dans les slogans politiques. Pourquoi cette présence constante à travers les siècles ? À quoi sert un Dieu, ou plutôt, pourquoi les religions continuent-elles à exercer une telle influence sur les humains ? J’aimerais ici explorer cette double réalité, entre besoin sincère de sens et usage stratégique du sacré. Ni rejet aveugle, ni foi docile. Juste un regard lucide et ouvert.

Quand Le Divin Répond À L’angoisse Humaine

Il faut le dire clairement : les religions ne naissent pas dans le vide. Elles émergent face à l’angoisse fondamentale de notre condition : la conscience aiguë de la mort, de la solitude, de l’inconnu. Dans tous les coins du monde, les humains ont inventé des récits, des rites, des prières pour dire : « Tu n’es pas seul·e. Il y a un sens. Il y a quelque chose après ».

Je comprends ce besoin. Moi-même, je l’ai ressenti. À la mort de mon père adoptif, j’ai fermé les yeux en silence, sans croire vraiment, mais en espérant. Les rites funéraires ne m’ont pas tant rassurée qu’ils m’ont reliée aux autres, à cette chaîne humaine qui cherche à se consoler.

Le Pouvoir Derrière Les Autels

Mais il y a l’autre versant, celui qui me dérange profondément. Ce n’est pas la foi qui me gêne, c’est ce qu’on en fait. L’histoire est pleine d’exemples où le sacré a été mis au service du pouvoir. Lorsque l’empereur Constantin adopte le christianisme au IVe siècle, ce n’est pas une conversion mystique, c’est une stratégie politique. Il crée une Église d’État, assoit son autorité, impose des dogmes.

Combien de fois la foi a-t-elle servi à justifier l’exclusion, la guerre, la soumission des femmes, le silence face à l’abus ? Quand la religion se transforme en institution, elle glisse trop facilement du spirituel au disciplinaire.

Toutes Les Religions Ne Se Ressemblent Pas

Mais attention, ne tombons pas dans le piège du « tout se vaut, tout est à rejeter ». La diversité religieuse est immense. Entre les traditions mystiques soufies, les sagesses orientales comme le bouddhisme zen, ou les églises progressistes engagées dans les luttes sociales, il existe des formes vivantes, ouvertes, non dogmatiques.

J’ai été touchée par des célébrations interreligieuses où croyants, agnostiques et athées se retrouvaient dans une même quête d’humanité. Ce n’est pas une religion qui est toxique, c’est la manière dont elle est vécue, transmise ou instrumentalisée.

Ce Que Les Religions Ont Aussi Permis

Je ne crois pas, mais je reconnais volontiers que les religions ont structuré bien plus que des dogmes. Elles ont offert des repères éthiques, une architecture de sens, et parfois même un socle de solidarité. Elles ont inspiré des chefs-d’œuvre de l’art, des textes bouleversants de poésie mystique, des élans de justice.

Je pense à Gandhi, bien sûr, dont la foi profonde a été une force de résistance non violente. Mais aussi à des figures comme Thich Nhat Hanh, moine bouddhiste engagé pour la paix, ou à la théologienne féministe Dorothée Sölle, qui cherchait une foi affranchie des dominations. Autant de chemins où la spiritualité s’incarne dans des actes, des vies, et non dans des injonctions.

Vers Une Spiritualité Libre Et Consciente

Alors, que reste-t-il quand on ne croit plus à un Dieu personnel ? Peut-être une forme de spiritualité lucide. Celle qui ne s’impose à personne, mais invite à la réflexion. Celle qui ne prétend pas tout savoir, mais qui pose les bonnes questions. « Je ne sais pas… mais je cherche ». C’est, je crois, le cœur de l’agnosticisme fertile.

Et si nous inventions une spiritualité du doute ? Une qui relie sans enfermer, qui éclaire sans aveugler. Il est temps de sortir de l’opposition stérile entre croyants et non-croyants, pour entrer dans un dialogue authentique entre êtres humains en quête de sens.

Conclusion : Croître Plutôt Que Croire

Alors, à quoi sert un Dieu ? Peut-être à ce que chacun·e en fait. Il peut être une lumière intérieure ou une chaîne. Une inspiration ou une injonction. Un refuge ou une prison. Ce n’est pas le « Dieu » qui compte, c’est la liberté intérieure qu’on s’autorise face à lui.

Et si nous apprenions, enfin, à croire… en notre lucidité, en notre ouverture, et surtout, en la beauté du doute ?

 


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