Les petits billets de Letizia

 Et Si Aimer Autrement Était Une Forme De Résistance ?

Pourquoi, dans mes histoires d’amour, est-ce que je ressens toujours ce tiraillement entre liberté et loyauté ?

Cette question, elle est revenue comme un refrain silencieux dans mes nuits d’insomnie et mes après-coups amoureux. C’est en la laissant résonner – au lieu de la fuir – que j’ai croisé la route de l’anarchie relationnelle. Pas un mode d’emploi. Une invitation. À désapprendre. À ouvrir les yeux. Et peut-être, à aimer d’une manière qui ne trahit ni l’autre… ni soi.

Déconstruire Les Évidences

L’anarchie relationnelle (AR), ce n’est pas le chaos sentimental. C’est un refus assumé des hiérarchies relationnelles : pourquoi considérer qu’un·e partenaire amoureux·se mérite plus de temps, d’attention ou de reconnaissance qu’un·e ami·e de vingt ans ? C’est aussi remettre en cause l’idée que l’amour est une ressource rare à protéger jalousement.

En découvrant cela, c’est tout mon imaginaire qui a tremblé : le couple comme ultime réussite, la fidélité comme preuve d’amour, la fusion comme idéal romantique. J’ai dû revoir mes croyances, mes attachements, mes blessures aussi. Et me demander ce que j’avais vraiment choisi… et ce que j’avais seulement intégré.

La Liberté Émotionnelle : Rêve Ou Chaos ?

Dans cette nouvelle grammaire du lien, l’autonomie émotionnelle n’est pas facultative : elle est centrale. Et ça m’a terrifiée. Parce que derrière mes grands discours sur la liberté, se cachait une peur du vide, un besoin d’être « spéciale » pour quelqu’un.

Je me suis souvenue de cette phrase du Manuel de l’anarchie relationnelle d’Andie Nordgren : « Faire semblant jusqu’à ce que ça devienne vrai ». Elle m’a d’abord dérangée. Pourquoi faudrait-il feindre l’aisance ? Puis j’ai compris : il ne s’agit pas de mentir, mais de se donner le temps de désapprendre. De tester une nouvelle façon d’être en lien, même si elle chancelle au début. Pour laisser le vrai émerger.

La Jalousie : Ennemie À Abattre Ou Messagère ?

On parle souvent de la jalousie comme d’un poison. J’ai voulu, moi aussi, la chasser. Jusqu’à ce que je la ressente, puissamment, en voyant une personne que j’aimais vibrer pour une autre. J’avais honte. Mais refouler ne l’a pas fait disparaître.

J’ai appris à l’écouter autrement : et si elle me parlait de mes insécurités ? De mes besoins non exprimés ? De mes manques de soin envers moi-même ? La jalousie n’est pas une faute. C’est une information. Et à condition de ne pas l’utiliser comme arme, elle peut être une alliée précieuse pour mieux se connaître et se dire.

Co-Construire : Des Relations Comme Des Œuvres En Mouvement

L’anarchie relationnelle ne m’a jamais proposé une fiche technique. Plutôt une page blanche. Et c’est vertigineux. Mais aussi incroyablement vivant.

Je me souviens d’une relation que j’ai construite, sans le mot « couple », sans exclusivité, sans plan défini. On s’écrivait nos règles au fur et à mesure, on parlait vrai, on ajustait. Parfois maladroitement, mais toujours avec bienveillance. Ce lien n’a pas duré éternellement, mais il m’a marquée comme un souffle libre. L’important, ce n’était pas de réussir. C’était d’inventer, ensemble, en pleine conscience.

Aimer Comme Un Acte Politique Doux

Choisir d’aimer autrement, ce n’est pas juste une démarche intime. C’est une résistance. Une manière de dire non aux récits imposés : ceux qui nous veulent enchaînées à des attentes genrées, à la fusion comme preuve d’amour, à la jalousie comme normalité.

Dans ce cheminement, j’ai dû affronter des regards, des silences, des conseils non demandés. Mais aussi renouer avec mes valeurs profondes : l’autonomie, le consentement, la compersion, la solidarité, la vérité partagée.

Aimer devient alors un acte politique doux. Une manière de réenchanter le lien sans le dominer.

Et Si Aimer Autrement, C’était Commencer À Croire Qu’on Mérite Des Liens Qui Ne Nous Rétrécissent Pas ?

Je n’ai pas trouvé de modèle parfait. Mais j’ai trouvé du sens. Et des espaces où être pleinement moi. L’anarchie relationnelle n’est pas une destination. C’est un chemin – d’honnêteté, de courage, et d’amour librement choisi.