Réflexions D’une Femme Qui N’a Pas Fait D’enfant – Et Qui Ne S’en Excuse Pas.
On m’a souvent demandé quand j’allais enfin – m’y mettre -… Comme si devenir mère était une étape aussi naturelle que respirer.
Cette phrase, lancée un jour à un déjeuner, m’a longtemps trotté dans la tête. Elle résume à elle seule une attente culturelle tenace : celle qui associe encore, quasi automatiquement, féminité et maternité. Comme si l’une ne pouvait pas aller sans l’autre.
Mais, et si ce lien, si solidement ancré dans nos imaginaires, n’était qu’un héritage social, et non une vérité universelle ? À travers cet article, j’aimerais partager une réflexion intime sur ce choix – ou ce non-choix – qu’est celui de ne pas avoir d’enfants. Une décision encore largement incomprise, à l’image desmouvementsNoMo, ChildFree ou NoKids, qui regroupentcelles qui, par choix ou par circonstance, vivent une vie sans maternité.
Un Modèle Social Forgé Dans L’histoire
Il faut remonter loin pour comprendre pourquoi la maternité semble si indissociable du féminin. Historiquement, la femme a longtemps été définie par son utérus. Dans les sociétés occidentales, les rôles genrés se sont solidifiés autour d’une assignation : nourrir, enfanter, éduquer. Les religions monothéistes ont enfoncé le clou, plaçant la maternité au rang de devoir sacré. Et l’État, de son côté, a souvent vu dans la femme mère une précieuse reproductrice de citoyens (cf. les politiques natalistes du XXe siècle).
Quand j’ai commencé à creuser ces questions, ce n’était pas théorique. C’était une réaction. Une amiem’avait dit, d’un ton gentiment condescendant : « Tu verras, ça te viendra. C’est naturel ».
Mais, justement, ce qui me semblait naturel à moi, c’était de ne pas ressentir ce besoin. En France, 30 % des femmes sans enfant et en âge de procréer ne souhaitent pas d’enfants dans leur vie, selon un sondage IFOP (2022)pour le magazine. Elle
Ce Que Le Mot « Non » Peut Déclencher
Dire non à la maternité, c’est déclencher bien plus qu’une simple incompréhension. C’est faire face à une panoplie de réactions, de la pitié au soupçon, en passant par cette forme d’infantilisation subtile qui vous fait passer pour une femme « pas finie ».
Je me souviens d’un collègue, un jour, qui m’a lancé : « Tu fais la forte, mais tu le regretteras à 40 ans ». Il ne savait rien de mon histoire, mais avait déjà tout tranché.
Ces remarques, parfois anodines, finissent par s’empiler. Elles interrogent, blessent, isolent. Elles traduisent aussi cette idée persistante que mon choix dérange, parce qu’il remet en question une norme sociale encore dominante. Une étude menée par l’université de Pepperdine (2020) montre d’ailleurs que les femmes sans enfants sont perçues comme moins chaleureuses et plus égoïstes que les mères, à compétence égale.
Une Autre Voie, Pleinement Assumée
LesmouvementsNoMo, ChildFree ou NoKids ne prônentpas une révolte contre la maternité. Ilsréclament simplement le droit de vivre autrement, sans être réduite à un « manque ».
Je ne suis pas une militante active, mais leurs mots me parlent. Ils me rappellent que ce choix – car oui, c’en est un – n’est pas une rébellion, mais une affirmation.
Et non, ce n’est pas un rejet des enfants. C’est un espace que je choisis de ne pas occuper, parce qu’il ne me ressemble pas. Parce qu’il ne me fait pas vibrer. Et parce qu’il n’est pas l’unique voie pour être une femme « pleine ».
Vers Une Société Plus Inclusive
Et si on élargissait notre regard ? Si on considérait qu’être femme ne se résume ni à être mère, ni à ne pas l’être ? Il existe mille parcours féminins, tous légitimes : les mères, les femmes en désir d’enfant, celles en deuil de maternité, et celles pour qui ce n’est simplement pas une envie.
Pour dépasser les stéréotypes, il faut de l’éducation, des récits pluriels, une présence plus forte dans les médias et les discours politiques.
J’imagine une société où l’on ne demande plus « quand » à une femme, mais plutôt « comment vas-tu ? ». Une société où la liberté des choix ne serait plus une exception à défendre, mais une évidence à célébrer.
Et Moi, Dans Tout Ça ?
Je vis aujourd’hui sans enfant, et je ne ressens ni vide ni regret. Il y a bien sûr des moments où le doute s’invite, comme dans toute vie. Mais, il ne s’agit pas d’un regret lié à la maternité. Plutôt la trace d’une attente extérieure qui persiste, à laquelle j’ai choisi de ne plus répondre.
Mon histoire n’est pas un manifeste. Elle est juste mienne. Et si je la partage ici, c’est pour rappeler que nous avons toutes et tous le droit d’écrire notre propre récit – sans modèle imposé, sans point d’exclamation obligé.
Conclusion
Être libre, c’est avoir le choix. Et surtout, celui de ne pas avoir à se justifier.
Tous les chemins de vie sont valides – y compris ceux qui ne mènent pas à la maternité.
Et vous, avez-vous déjà ressenti qu’on attendait de vous une version de vous-même qui ne vous ressemblait pas ?







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