Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

Quand L’École N’Écoute Plus Les Enfants

 

Réflexions Personnelles Sur Les Failles Structurelles De L’école Primaire En France

Il y a quelque chose d’universel dans le souvenir de l’école. Je me revois, petite fille, devant cette grande porte grise, un cartable trop lourd sur les épaules et un mélange de peur et de curiosité au fond du ventre. À l’époque déjà, le rythme imposé me semblait souvent étranger à mes besoins d’enfant. Aujourd’hui, en tant que citoyenne, je ressens une urgence silencieuse : celle de remettre l’enfant au centre du système éducatif.

Les constats récemment dressés sur l’état de l’école primaire en France résonnent fortement avec mes préoccupations. Derrière les statistiques, ce sont des vies, des trajectoires et des potentiels qui s’étiolent. Dans cet article, je propose une réflexion à la fois personnelle et critique, guidée par une conviction profonde : pour réinventer l’école, il faut d’abord écouter celles et ceux qu’elle concerne le plus.

Le dernier rapport de la Cour des comptes met en lumière une réalité troublante : les élèves français, malgré un temps d’apprentissage supérieur à la moyenne européenne, obtiennent des résultats parmi les plus faibles en mathématiques et en compréhension du français ([Source]).

Ce constat s’accompagne d’un autre fait inquiétant : la mauvaise allocation des ressources éducatives. Alors même que la démographie scolaire est en baisse, les dépenses augmentent sans que les résultats ne s’améliorent. En tant que citoyenne, cela me questionne. Ce ne sont pas les enfants qui échouent, mais bien un système qui semble avoir oublié sa finalité première.

Les inégalités sociales continuent d’orienter, dès le plus jeune âge, les trajectoires scolaires. Un enfant d’un milieu défavorisé a statistiquement moins de chances de réussir, non pas parce qu’il ou elle est moins capable, mais parce que le système ne compense pas suffisamment les inégalités de départ ([Source]).

À cela s’ajoute un rythme scolaire inadapté. J’ai en mémoire le visage fatigué d’une petite voisine, en CP, qui rentrait de l’école avec un agenda de ministre. C’est dans ce déséquilibre entre exigences institutionnelles et besoins réels de l’enfant que s’inscrit une forme de maltraitance éducative ordinaire.

L’approche que je défends ici est à la fois simple et ambitieuse : il faut recentrer l’école sur les besoins des enfants, tout en garantissant une équité réelle entre territoires. Cela signifie repenser les rythmes scolaires selon les données scientifiques sur le développement de l’enfant ([Source]), mais aussi assurer une juste répartition des moyens, que l’on soit en centre-ville ou dans un village reculé.

Je suis profondément attachée à la ruralité, à cette lenteur féconde qui permet aux enfants d’apprendre dans la continuité et la proximité. L’école ne doit pas être un outil de sélection ou de tri, mais un espace d’émancipation et de lien social.

Mon rapport au temps, à l’écoute, à la transmission s’est forgé au fil d’expériences marquantes. J’ai connu des maîtres et maîtresses attenti·f·ve·s, qui savaient adapter leur pédagogie, mais aussi des enseignants dépassés par le système, contraints de suivre des programmes à marche forcée.

Je me souviens d’un instituteur qui, chaque lundi matin, commençait la journée par un « cercle de parole ». Cette simple pratique changeait tout. Elle ouvrait un espace où l’élève n’était plus un·e élève parmi d’autres, mais une personne reconnue. Ce type de pédagogie, fondé sur l’écoute et la confiance, m’apparaît aujourd’hui comme une clé oubliée.

Les réformes doivent s’inspirer de cette double exigence : prendre soin des enfants et restaurer une équité territoriale. Il ne s’agit pas seulement d’adapter les contenus, mais de reconfigurer l’ensemble du système scolaire pour qu’il devienne un véritable lieu de lien, d’épanouissement et de justice.

Chaque enfant, quel que soit son lieu de vie, doit pouvoir accéder à une école accueillante, bienveillante, à l’écoute de ses rythmes et de ses besoins. C’est aussi cela, le rôle d’un service public digne de ce nom. J’invite chacun·e à réfléchir à ce que pourrait être une école idéale : inclusive, apaisée, vivante.

Écrire cet article m’a permis de revisiter mes souvenirs, d’enrichir mes convictions et de formuler un vœu : que l’école ne soit plus un lieu d’adaptation à la norme, mais un espace d’ouverture à soi et au monde.

Il est encore temps d’agir. Et parfois, cela commence par une prise de parole. Peut-être la vôtre ?

Partagez vos souvenirs d’école, vos expériences, vos idées. Car chaque témoignage, chaque voix compte dans la construction d’une école plus humaine.

 


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Une réponse à « Quand L’École N’Écoute Plus Les Enfants »

  1. Avatar de Jean François
    Jean François

    Retrouver enfin le goût du débat d’idées désintéressé pour repenser et peut être ( rêvons) refonder notre société. Les philosophes, penseurs, auteurs, à travers l’histoire, n’ont pas eu peur de se confronter pour jeter les bases des sociétés nouvelles. Je suis disponible pour cela. ( Je précise, sans arrière pensées). 100% raccord avec ce blog

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