Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Une Vie À Moi, Une Liberté À Revendiquer

Réflexion Sur Le Célibat Comme Choix D’autonomie

Quand j’ai voulu partir seule pour un petit voyage d’agrément il y a quelques années, mon agence de voyages m’a répondu, après un long silence gêné, qu’elle n’avait « rien à proposer pour une personne seule ». J’avais simplement demandé un séjour à la campagne, avec un peu de calme et une jolie vue. Cette anecdote, aussi banale qu’absurde, m’a poussée à réfléchir à la place que notre société accorde aux personnes célibataires. À cette époque déjà, j’étais bien dans ma vie, bien dans ma peau, et je ne considérais pas mon célibat comme un manque. Ce n’était pas une parenthèse, ni une attente. C’était un état d’être, volontaire, vivant. Et pourtant, tout autour de moi me renvoyait l’image d’un “pas encore” ou d’un “plus maintenant”.

En lisant récemment un article sur une femme ayant vécu jusqu’à 116 ans et ayant attribué sa longévité au fait de ne s’être jamais remariée après une relation malheureuse, j’ai retrouvé une résonance avec ma propre vision du monde. L’article met en lumière la manière dont le célibat, souvent perçu comme une anomalie, peut au contraire être un choix émancipateur. Il y est question de liberté, d’autonomie, et de bien-être émotionnel comme facteurs possibles de longévité. Des chercheurs et chercheuses, comme Bella DePaulo, psychologue sociale à l’université de Californie, soulignent également que les personnes célibataires développent souvent des réseaux sociaux plus solides et une plus grande autonomie émotionnelle que leurs pairs en couple ([Source]).

Je me retrouve profondément dans cette idée que le célibat n’est pas une case vide à remplir, mais un espace plein à vivre. Ce choix, je l’ai fait par goût de l’indépendance, par besoin d’espace, de silence parfois, mais aussi par amour de moi-même. Ne pas devoir rendre de comptes à quelqu’un·e, ne pas organiser mes soirées autour des contraintes d’un·e autre, pouvoir rêver mes journées à ma façon. Je n’ai pas renoncé à l’amour, j’ai seulement redéfini ses contours. Et dans ce cadre-là, ma vie a gagné en cohérence.

La pression sociale, pourtant, ne relâche pas si facilement. Combien de fois ai-je entendu des « tu trouveras quelqu’un », comme s’il fallait chercher. Combien de fois ai-je vu des publicités me promettre le bonheur conjugal à coups de parfums assortis pour elle et lui, ou de cafés pensés pour deux. Le couple reste un modèle dominant, romantisé jusqu’à l’épuisement dans nos films, nos romans, nos conversations. Il y a quelque chose de profondément ironique à voir à quel point on nous apprend à désirer l’autre plus qu’à nous accueillir nous-mêmes. À force de vouloir s’unir, on oublie parfois de se rencontrer.

Mais j’ai découvert, en vivant seule, combien cet espace vide apparent pouvait être fertile. J’ai appris à cuisiner pour une sans tristesse. J’ai voyagé sans attendre personne. J’ai relevé des défis sans encouragement extérieur, et je me suis félicitée moi-même, sans honte. J’ai repris le chant, j’ai exploré l’histoire de ma lignée féminine, j’ai appris à dire non sans me justifier. Toutes ces expériences m’ont nourrie bien plus que des compromis dans des relations sans justesse.

Ce que j’ai construit aujourd’hui, c’est une vie qui me ressemble, pas une vie qui rentre dans une case. Il y a eu des moments de solitude, oui. Il y a eu des interrogations, des coups de blues. Mais rien qui puisse me convaincre que j’aurais été mieux dans une vie qui ne m’aurait pas appartenu. Le célibat, dans mon cas, n’est pas l’absence de l’autre. C’est la présence à moi-même. C’est le droit de dire « je »” sans attendre de permission.

Et peut-être est-ce là la leçon la plus importante : apprendre à se suffire, non pas par orgueil, mais par connaissance de soi. Être seule, c’est ne pas se fuir. C’est s’écouter pleinement. C’est aussi se rendre disponible à l’autre depuis un lieu de complétude, et non de manque. À celles et ceux qui lisent ces lignes, je ne dirai pas que le célibat est la voie universelle. Mais je vous invite à interroger vos envies, vos habitudes, vos désirs. À vous demander si vos choix vous ressemblent ou si vous les répétez parce qu’on vous les a soufflés depuis toujours.

Se choisir soi, c’est un acte radical dans un monde qui vous pousse à vous diluer. C’est une promesse de fidélité à ce que l’on est vraiment. Et c’est une liberté qui se savoure au quotidien. J’aimerais que ce texte ouvre un espace de dialogue : que vous soyez en couple, célibataire ou quelque part entre les deux, votre voix mérite d’être entendue.

 


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