Les petits billets de Letizia

Un blog pour donner à réfléchir, pas pour influencer… #SalesConnes #NousToutes


Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

L’Art D’Être Soi Dans Le Respect De L’Autre

 Oser S’exprimer Avec Sincérité Sans Blesser, Une Posture Douce Et Puissante À Cultiver

Il m’est arrivé plus d’une fois de ravaler mes mots, de taire un désaccord par peur de rompre l’harmonie d’un moment ou de me heurter à l’incompréhension. Pendant longtemps, j’ai cru que faire preuve de douceur signifiait se taire. Mais à force de taire mes idées, je me suis tue moi-même. C’est dans cette tension entre besoin de respect mutuel et urgence d’être fidèle à qui je suis que j’ai peu à peu compris que s’exprimer, ce n’est pas forcément s’opposer. C’est parfois simplement se rendre visible.

Le thème de l’expression personnelle m’accompagne depuis mes débuts sur Bavardages de Letizia. J’ai toujours ressenti une forme d’appel à dire ce que je pense, mais avec une exigence : celle de rester dans l’écoute, dans l’empathie. L’approche que je choisis aujourd’hui est celle d’une expression authentique, respectueuse, bienveillante. Elle relie la santé mentale à la liberté d’être soi et à la possibilité d’inspirer du changement.

De nombreuses études soulignent combien il est difficile pour chacun·e d’entre nous d’aller à l’encontre du groupe. Selon les expériences de Solomon Asch (1951), nos décisions sont influencées par la pression sociale, même quand la majorité a objectivement tort. Ce conditionnement s’explique aussi par les neurosciences : Gregory Berns a montré que le désaccord social active des zones cérébrales liées à la peur et à l’anxiété. Face à ce constat, il est compréhensible que tant de personnes choisissent le silence.

Et pourtant, ce silence peut coûter cher. Car à trop vouloir appartenir, on en vient parfois à s’effacer. Le désaccord n’est pas le contraire du lien ; bien au contraire, il peut en être le tremplin. Des figures comme Nelson Mandela ou Martin Luther King, que tout oppose à notre quotidien, ont su dire non là où le monde disait oui. Leur parole a ouvert des brèches dans la pensée dominante. Loin de nous comparer à elleux, ces exemples montrent néanmoins qu’une parole portée avec conscience peut transformer la société.

Je me souviens de cette réunion de travail où un projet contraire à mes valeurs était proposé. Tout en moi criait que ce n’était pas juste. Mais je redoutais d’être perçue comme une empêcheuse de tourner en rond. J’ai finalement pris la parole, posément, sans accuser, en formulant mon ressenti. Et j’ai vu les regards changer. Loin de provoquer une rupture, ma sincérité a permis un réajustement collectif. C’est là que j’ai compris que dire les choses avec clarté et douceur n’était pas une menace, mais une contribution.

C’est cette posture que je défends : celle d’un courage tranquille. Exprimer une opinion ne devrait jamais être une agression. Il ne s’agit pas d’avoir raison contre l’autre, mais d’apporter sa pierre à une compréhension plus large. Cela suppose d’accepter la vulnérabilité, d’oser dire « je », mais aussi d’écouter l’autre « je ». Nous sommes multiples, et c’est cette richesse que le dialogue fait émerger.

Cette approche m’a permis de me relier autrement aux autres. Les conversations sont devenues plus profondes, moins polarisées. Les relations, plus authentiques. Je propose souvent à mes lecteurs et lectrices d’expérimenter la communication non violente, notamment à travers les travaux de Marshall Rosenberg, pour apprendre à formuler ses besoins sans accuser. Tenir un journal personnel, participer à des cercles de parole, ou simplement prendre le temps de poser des mots sur ses émotions sont autant de moyens de s’exercer à cette forme de présence à soi et à l’autre.

Ce chemin vers une parole alignée n’est pas linéaire. Il demande du temps, du discernement, parfois même de l’indulgence envers soi-même. Mais je suis convaincue qu’il est essentiel pour construire une société plus juste, où chacun·e se sentira libre de penser autrement sans craindre l’exclusion.

Exprimer ses opinions avec authenticité et bienveillance, c’est cultiver une force intérieure qui rayonne. C’est apprendre à dire « je pense » sans éteindre le « tu ressens ». C’est s’engager dans une écoute mutuelle où la différence devient une chance.

Et si nous osions toutes et tous nous exprimer autrement ? Que pourrions-nous créer ensemble si chaque voix avait la place d’être entendue, dans toute sa nuance, dans tout son humanité ? Je vous invite à partager votre vécu, vos hésitations, vos élans, car c’est dans la diversité de nos expériences que jaillit la lumière commune.

 


En savoir plus sur Les petits billets de Letizia

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Laisser un commentaire