Chronique D’un Drôle De Vent Qui Souffle Sur Le Rassemblement National, Et Des Remous Qu’il Sème Dans Les Travées De La Politique Française.
Je n’étais pas plantée devant la lucarne, ce soir-là, quand le petit Bardella, droit dans ses souliers bien cirés, s’est mis à débiter son histoire dans l’émission « Une ambition intime ». Paraît qu’il en a épaté plus d’un, ce galapiat ! Les journaux en ont fait des caisses, comme s’ils avaient vu surgir Mistral ou Lamartine sur un plateau télé. Il parlait avec cette assurance qu’ont les jeunes quand ils n’ont pas encore eu le temps de douter. Un coup, il racontait sa vie comme s’il vous offrait un café, l’instant d’après, il se lançait dans de grandes envolées sur la France, les racines et l’avenir. Et moi, dans tout ça, je me suis demandé : mais qu’est-ce que cette montée en graine nous dit du vieux RN et de notre temps qui court plus qu’il ne pense ?
Faut dire que la Marine, elle est pas au mieux de sa forme. Y a des juges qui lui ont mis des bâtons dans les roues, et Bardella, lui, en a profité pour monter au créneau. Il a le visage lisse comme une pierre polie par le ruisseau, le regard décidé et la langue bien pendue. Mais dans les couloirs du parti, ça ricane, ça soupire, ça se jauge. On dit que ça grogne chez les anciens, que ça magouille dans l’ombre. Et lui, tel un jeune coq au lever du jour, il chante déjà son air de président. Mais pour quel poulailler, au juste ?
Parce qu’en grattant un peu sous le vernis, on voit bien que le garçon, il n’est pas que le gendre idéal des dimanches télévisés. Non, il a un discours bien plus sec, presque tranchant. Il laisse derrière lui ce flou commode du « ni droite ni gauche » pour marcher droit devant, vers une droite dure comme le roc. Est-ce que c’est une tactique de petit malin ? Une vraie conviction ? Ou bien juste cette fougue de la jeunesse, qui bouscule sans trop se soucier de casser ?
Dans ce parti où les anciens aiment leur fauteuil comme on aime une chaise longue à l’ombre des platanes, le jeunot dérange. Il redistribue les cartes, chamboule les alliances, et certains craignent qu’il fasse sauter la baraque. Et pourtant, il attire, il intrigue. C’est ça, le paradoxe Bardella : jeune et déjà raide, nouveau mais pas si frais.
Il me fait penser à ces ruisseaux de montagne : vifs, limpides, mais imprévisibles. Il ne vient pas du terroir politique du vieux RN, non, il est né dans l’ère des réseaux, des selfies, des punchlines. Et dans ce monde où l’image compte plus que la parole tenue, il sait jouer de son costume bien coupé comme un violoniste de son archet.
Et Marine, dans tout ça ? Est-ce qu’elle regarde son dauphin avec tendresse ou avec méfiance ? On ne sait pas. Peut-être qu’elle prépare doucement la passation, ou peut-être qu’elle sent la terre se dérober sous ses pieds. Le pouvoir, voyez-vous, c’est comme un vieux figuier : il donne de l’ombre, mais faut savoir quand en cueillir les fruits. Sinon, ils tombent tout seuls.
Finalement, toute cette histoire nous pose une drôle de question. Ce Bardella, c’est un vrai chef ou juste un bon conteur ? On cherche des leaders, ou bien des silhouettes photogéniques à coller sur les murs de campagne ? Ce garçon, c’est peut-être l’avenir du RN, mais c’est aussi un miroir tendu à notre époque, où la jeunesse devient programme, et le récit, stratégie.
Allez, je vous laisse avec cette pensée-là, qui m’est venue en regardant les oliviers danser sous le vent : dans la politique comme dans la vie, faut toujours se méfier des apparences trop bien arrangées. Et comme dirait mon oncle Joseph, qui en a vu passer des têtes de mule et des beaux parleurs : « Un beau sourire, ça remplace pas une bonne récolte ».






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