
Quand L’écoute Des Élèves, La Confiance En Soi Et Le Numérique Redessinent Les Chemins De L’apprentissage
Je me souviens encore de cet adolescent croisé lors d’un atelier associatif. Il fuyait systématiquement les temps d’expression orale. Il rougissait, baissait les yeux, murmurait à peine. Ce n’était pas un élève en difficulté scolaire, mais il ne croyait pas en sa propre voix. Quand on lui a proposé de présenter son projet sous forme de vidéo, il a enregistré plusieurs fois, ajusté, assumé son propos, et surtout, il a osé. Ce moment m’a rappelé combien la motivation ne se décrète pas. Elle se révèle, elle s’accompagne.
La lecture d’un article m’a récemment frappée par sa justesse. Il posait cette question essentielle : comment favoriser une motivation optimale pour garantir un apprentissage de qualité ? Trois leviers y étaient analysés avec clarté : l’intérêt pour le contenu, l’auto-efficacité et l’orientation vers des objectifs atteignables. Ces dimensions m’ont parlé immédiatement, car elles rejoignent mes convictions profondes : on n’apprend bien que lorsqu’on se sent concerné·e, capable et engagé·e dans un objectif qui a du sens.
Ce que j’observe dans mon entourage et dans les témoignages que je recueille, c’est que les élèves sont trop souvent maintenu·e·s dans des postures passives. Ils·elles doivent s’adapter, suivre le mouvement, rarement initier ou proposer. Pourtant, leur motivation naît lorsqu’ils·elles deviennent acteurs et actrices, quand on leur permet d’agir, de choisir, de créer. L’idée d’une éducation participative, que je défends depuis longtemps, prend ici tout son sens.
À partir de cette réflexion, j’ai imaginé une approche pédagogique cohérente, inspirée à la fois par les recherches en sciences de l’éducation et par des expériences vécues ou partagées : une pédagogie différenciée, attentive à l’auto-efficacité et nourrie par les outils numériques et ludiques. Ce n’est pas une formule magique, mais une manière de penser l’éducation autrement. Loin des cases et des programmes figés, cette approche permet de tenir compte de la diversité des élèves sans les enfermer dans des catégories.
L’auto-efficacité, ce sentiment de se sentir capable d’apprendre et de progresser, m’apparaît comme un moteur essentiel. Selon les travaux d’Albert Bandura (2003), cette dimension influence directement l’engagement des élèves. Ce n’est pas qu’une question de compétences : c’est une affaire de confiance. J’ai vu des jeunes abandonner des matières qu’ils·elles aimaient simplement parce qu’ils·elles pensaient ne pas être à la hauteur. À l’inverse, j’ai vu la lumière s’allumer dans le regard d’un·e élève lorsqu’on lui donne l’occasion de réussir à son rythme.
Le numérique et le ludique ne sont pas des distractions, mais des outils puissants quand ils sont bien intégrés. Une étude de l’INSHEA (2021) sur les usages du numérique montre leur impact positif sur l’engagement, surtout quand ils permettent une autonomie accrue et une meilleure adaptation aux profils d’apprentissage ([Source]). Dans les groupes de jeunes que j’accompagne, je vois souvent qu’un quiz interactif, une carte mentale numérique ou une capsule vidéo suffit à relancer l’attention. C’est une façon d’entrer dans le savoir par une autre porte.
Et puis, il y a cette nécessité de différencier sans stigmatiser. Adapter les chemins sans hiérarchiser les parcours. Cela demande de sortir d’une logique unique et rigide, pour offrir des environnements plus souples, plus humains. J’ai vu des jeunes se transformer lorsqu’on cessait de les juger sur leur conformité au système, et qu’on valorisait leurs forces, leurs efforts, leur voix.
Je crois profondément qu’un changement durable passera par un effort collectif. Il ne suffit pas d’ajuster une pratique ici ou là. Il faut repenser notre manière d’envisager l’école, les savoirs, les parcours. Enseignant·e·s, familles, institutions, citoyen·ne·s : nous avons chacun·e un rôle à jouer pour créer des environnements d’apprentissage qui donnent envie. Et si nous commencions par demander aux élèves ce qui les motive vraiment ? Écoutons-les. Offrons-leur des espaces d’expression, des projets co-construits, des conseils de classe participatifs. Il y a là une clé.
Parce que chaque élève mérite de découvrir que l’apprentissage peut être une joie. Pas une pression, ni une épreuve. Une expérience de découverte, d’ouverture, de confiance. C’est ce regard-là que j’aimerais voir se multiplier dans notre société : celui qui considère chaque élève comme une personne en chemin, pas comme un dossier à gérer.







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