Les petits billets de Letizia

Un blog pour donner à réfléchir, pas pour influencer… #SalesConnes #NousToutes


Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

,

Ruralité Plurielle : Entre Stéréotypes Et Écologies Vécues

Ruralité Plurielle : Entre Stéréotypes Et Écologies Vécues

Quand Les Récits De Vie Déconstruisent Les Clichés Et Révèlent Une Écologie De Proximité

Je me glisse ce matin dans les bottes crottées d’une amie agricultrice, et je parle avec ses mots.

J’ai en tête ce matin l’odeur humide du sous‑bois après une pluie d’été, mêlée à la chaleur des pierres d’un vieux muret en lisière de champ. Ce souvenir m’accompagne souvent lorsque je pense aux clichés qui collent à la campagne. J’ai grandi là‑bas, entre lignes d’arbres et voix des voisins, et j’ai vu, dès mon plus jeune âge, les regards s’indigner : « tu viens de la campagne ? Alors toi, sûrement tu aimes les tracteurs, t’es mal sapée, bâton de réglisse entre les dents ». Or, je sais que la réalité est bien plus riche, complexe et surprenante.

Dans une récente étude intitulée Paroles de campagne, un grand nombre de personnes vivant en milieu rural ont exprimé leur agacement face à ces représentations : 83 % estiment que les médias et les politiques imposent une vision « caricaturale » de la ruralité ([Source]). On y découvre aussi que seuls 2 % des habitant·e·s sont agriculteurs, et davantage de citadins chassent que de ruraux ([Source]). Ces chiffres résonnent en moi : j’ai longtemps vu nos vies simplifiées à l’extrême, occultant la diversité, la créativité et l’aspiration au changement qui animent ceux et celles qui habitent la campagne aujourd’hui.

Un jour, alors que je me baladais avec une amie dans un petit hameau, nous avons croisé un agriculteur jeune, engagé dans l’agroécologie. Il nous a parlé de ses haies plantées pour favoriser la biodiversité, et de ses moutons mis en pâturage semi‑naturel pour entretenir les prairies. Il s’agit d’écopâturage, une pratique largement promue chez nous. Ce type d’anecdote m’a rappelé que la ruralité est aussi une terre d’innovation, souvent ignorée des discours dominants dans les villes.

Parlons d’écologie : durant l’été dernier, j’ai participé à un projet de potager collectif dans un village alentour. Sans en faire un étalage de militantisme, j’ai vu des habitant·e·s remettre en question leurs habitudes, choisir la voiture de manière raisonnée, réparer plutôt qu’acheter – une écologie simple, concrète, ancrée dans le quotidien. Là encore, l’écologie rurale ne s’expose pas forcément dans les mobilisations urbaines, mais elle existe, se tisse dans les gestes et les relations.

Le mot « campagnard·e », à lui seul, peut enfermer dans une image datée. Beaucoup préfèrent se désigner comme « habitant·e·s de la campagne » (31 %), bien plus que comme ruraux et rurales (23 %) ou campagnards·e·s (11 %) ([Source]). Cette nuance m’a frappée : c’est un besoin de dignité, de se défaire d’un stigmate. Ce constat m’a amenée à réfléchir à l’importance des mots pour reconnaître la place de chacun·e dans l’espace social.

Lorsque je regarde comment les discours dominant injonctent les campagnes à être archaïques, j’entends ce ressentiment profond qui, selon France Culture, nourrit un sentiment de relégation, voire d’instrumentalisation politique. On caricature, on juxtapose villes et campagnes comme si elles appartenaient à deux mondes irréconciliables. Pourtant, la réalité est plus complexe : la ruralité est multiple. Il est urgent d’interroger nos propres représentations, de faire l’effort de lire, écouter, comprendre les récits authentiques.

Ce cheminement m’a permis de réaliser que changer de regard, c’est aussi s’ouvrir à l’écoute. Il ne s’agit pas d’exotiser la vie rurale, mais de reconnaître sa richesse, son écologie ordinaire, son inventivité. Ce n’est ni ville contre campagne, ni modernité contre traditions, mais les deux en osmose.

À travers cet article, je vous invite à cet exercice : remettre en question vos stéréotypes, prêter attention à ces gestes du quotidien, laisser les mots se réinventer. J’ai compris que la ruralité n’est pas un décor, mais un espace vivant d’idées, d’élan, d’engagement. Et vous, qu’avez‑vous perçu ou expérimenté quand vous avez franchi les frontières des clichés ?


En savoir plus sur Les petits billets de Letizia

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Laisser un commentaire