Réconcilier Identité Insulaire Et Solidarité Nationale Grâce À Une Gouvernance De Proximité
Lorsque je partage mon quotidien insulaire, je mesure chaque jour l’écart entre les paroles politiques et les expériences vécues. Ce constat m’a profondément marquée lorsque j’ai constaté qu’un·e étudiant·e sur le campus de Corte pouvait se retrouver à manger à l’épicerie solidaire faute de droits accessibles. Je ressens vivement le besoin d’une transformation institutionnelle qui place les urgences sociales au cœur des décisions.
Je ne peux ignorer les limites de la Collectivité unique telle qu’elle existe aujourd’hui. Les décisions semblent lointaines, concentrées autour d’Ajaccio, bien loin des réalités de ceux et celles qui vivent dans l’Oriente ou la Balagne. Le coût de la vie élevé, la difficulté à accéder à un logement adapté ou à un emploi stable, c’est la vie de milliers de personnes en souffrance que l’on ne peut reléguer au second plan. Les inégalités sociales sont flagrantes : selon l’Insee, ([Source]), 12 % des ménages actifs vivent sous le seuil de pauvreté (soit moins de 1 150 € par mois) et près de 18 % de la population insulaire est concernée ([Source]).
C’est à partir de ce constat que je propose une piste : une autonomie encadrée tournée vers la justice sociale. Loin d’un programme politique, c’est une invitation à repenser notre lien à l’action institutionnelle, à imaginer une Corse capable de répondre directement aux besoins en logement, en aides ciblées, en mobilité, tout en conservant la solidarité nationale et le cadre républicain.
Cette autonomie pourrait offrir plusieurs bénéfices concrets. D’abord, la réactivité face à l’urgence sociale : seule une gouvernance locale peut détecter et agir tôt en cas de crise du logement, de précarité énergétique ou de soin isolé. Ensuite, c’est une reconnaissance de notre identité : en donnant à la Corse les leviers d’adapter sa fiscalité sur l’énergie ou de gérer localement les aides au logement, on respecte ce qu’il y a d’unique ici, sans rompre avec la République. Enfin, une action plus efficace, car réellement ancrée dans nos territoires, de Bastia à Sartène.
Je me souviens d’une mère célibataire en Balagne, parlant d’un logement surpeuplé, d’un T3 où l’intimité n’existe plus : elle explique qu’on lui a promis un T4 avant la naissance de son bébé… promesse non tenue ([Source]). Ces témoignages illustrent l’urgence d’un pouvoir décisionnel plus proche des réalités.
Pour que cette autonomie ne débouche pas sur des dérives, il faut des garde‑fous solides : un encadrement légal clair, des objectifs mesurables (ex. : réduction du taux de pauvreté de 5 points en 5 ans), un contrôle citoyen réel avec des comités locaux composés de résident·e·s et d’élu·e·s, et une transparence totale des budgets. Je crois profondément que lorsqu’on donne la parole et le regard aux résident·e·s, on construit une confiance mutuelle indispensable.
Je propose aussi une expérimentation de cinq ans, cadrée par un accord franco-européen, sur une ou deux compétences prioritaires : le logement social et la fiscalité énergétique. Ce test nous permettrait de mesurer les effets concrets, d’ajuster et de décider collectivement de continuer ou non. L’État resterait garant de la solidarité territoriale, notamment via la péréquation et les financements européens, permettant d’éviter un isolement abrupt.
En tirant le bilan de cette réflexion, je vois l’importance d’un équilibre entre autonomie et solidarité : il s’agit de donner aux communautés corses les moyens d’agir efficacement, tout en restant solidaires des autres territoires. Cette réflexion m’a aussi enrichie, me rappelant que l’attente n’est pas une posture confortable, mais un appel à l’action responsable.
Je vous invite à considérer votre propre lien à la justice territoriale. Comment pouvez‑vous, au quotidien, contribuer à une Corse plus juste, plus équitable ? Vos témoignages, vos idées, sont précieux. Ensemble, pensons la mutation institutionnelle non comme un projet abstrait, mais comme une promesse tangible de progrès.








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