Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Vers Un Équilibre Durable Pour L’Emploi En Corse

Vers Un Équilibre Durable Pour L’Emploi En Corse

Repenser L’articulation Entre Secteur Public, Tissu Privé Et Innovation Sociale

Le ralentissement de la création d’emplois en Corse soulève des interrogations profondes sur les choix économiques à venir. Cette dynamique, observée dans les dernières publications de l’Insee ([Source]), dépasse la seule sphère des chiffres : elle met en lumière un besoin urgent de repenser les équilibres entre le public, le privé et l’innovation au service du territoire. En tant que citoyenne attachée aux dynamiques locales et à la construction collective d’un avenir plus juste, je défends l’idée que la Corse mérite une approche systémique, ancrée dans la réalité du terrain et tournée vers une autonomie responsable.

Les dernières analyses confirment une stagnation de l’emploi salarié marchand sur l’île, tandis que l’emploi public continue, lui, de progresser. Cette tendance est préoccupante non parce que l’emploi public serait en soi problématique, mais parce que sa croissance ne compense pas le recul du privé. Or, ce dernier demeure essentiel à la vitalité économique, à la diversification des revenus, à la résilience collective. Le tissu entrepreneurial insulaire reste fragile : il est composé majoritairement de très petites structures, souvent peu outillées pour affronter les transformations structurelles, encore moins les crises conjoncturelles. La dépendance au tourisme et à la construction, deux secteurs cycliques, rend l’économie particulièrement vulnérable. Et, de manière plus silencieuse mais tout aussi décisive, l’investissement dans la recherche et l’innovation reste marginal.

Dans ce contexte, l’approche que je choisis de mettre en avant repose sur une dynamique territoriale intégrée. Il ne s’agit pas d’opposer emploi public et entrepreneuriat, mais de les penser ensemble, comme des piliers complémentaires d’une même ambition. Les services publics sont des repères sociaux indispensables, notamment dans les territoires ruraux ou périphériques. Ils garantissent une présence, un soutien, une continuité. Mais ils ne peuvent suffire à porter seuls une croissance équitable et soutenable. C’est pourquoi je crois qu’il faut revitaliser le secteur privé en lui offrant des conditions justes, favorables à la créativité, à l’ancrage local, à l’emploi de proximité.

Cela suppose, en premier lieu, de s’attaquer à la dépendance au tourisme en misant sur des activités adaptées à l’insularité : transformation agroalimentaire, artisanat valorisant les ressources locales, économie circulaire, services à la personne. Il faut aussi renforcer l’accompagnement des entreprises : mentorat, dispositifs de financement souples, simplification administrative. Le secteur public peut jouer un rôle structurant dans ce processus, en soutenant les synergies, les coopérations, les expérimentations. L’innovation, quant à elle, ne doit pas être réservée aux laboratoires technologiques : elle doit irriguer les pratiques sociales, les circuits de production locaux, les relations entre habitant·e·s, chercheurs et chercheuses et acteurs et actrices économiques.

Ces réflexions résonnent avec mes convictions : la Corse a vocation à devenir un laboratoire de résilience sociale et économique, en s’appuyant sur ses forces, sa jeunesse, ses savoir-faire. Ce que je défends ici, c’est une vision de l’innovation comme un outil de lien, non de rupture. L’implication citoyenne est essentielle : les décisions économiques ne peuvent se prendre sans concertation, sans ancrage dans les réalités vécues. J’ai été particulièrement inspirée par des initiatives locales telles que ces coopératives rurales qui redonnent vie à des villages en articulant artisanat, éducation et écologie. Ces expériences montrent qu’un autre modèle est possible, à condition de créer les conditions de sa pérennité.

Je me souviens d’une micro-entreprise installée dans un village isolé, qui a su conjuguer création textile, réinsertion professionnelle et rayonnement régional. Ce projet n’aurait pas vu le jour sans un accompagnement solide, une mise en réseau bien pensée, et un ancrage sincère dans le territoire. Ce type d’initiative, loin d’être marginal, révèle une attente collective : celle d’un développement plus inclusif, moins centralisé, plus fidèle à l’identité corse.

Face aux défis actuels, il me semble essentiel de sortir des logiques sectorielles pour construire des stratégies territoriales systémiques. Penser ensemble emploi public, économie sociale, initiative privée, formation et innovation, c’est renouer avec une vision vivante du développement. Car, pour reprendre les mots de François Perroux : « Le développement n’est pas une addition de capitaux mais un éveil des hommes ».

Pour aller plus loin, il faut interroger nos priorités collectives, soutenir les initiatives qui renforcent le lien social et économique, et créer des ponts entre les acteurs et actrices locaux et locales. Je crois que chacun·e peut y contribuer, par des gestes simples : acheter local, s’engager dans une coopérative, accompagner un projet, transmettre un savoir. Ce sont ces micro-engagements qui tissent la résilience collective.

Je vous invite à partager vos expériences, vos idées, vos doutes aussi. Parce qu’aucun territoire ne se relève seul, et que chaque voix compte dans cette conversation collective.


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