La Corse Reconnaît La Palestine : Acte Local, Portée Globale ?
Le 27 juin 2025, l’Assemblée de Corse a franchi un cap politique inédit en reconnaissant symboliquement l’État de Palestine. Si l’acte est sans portée juridique extérieure, il envoie un message fort à Paris et à l’international.
Une reconnaissance régionale à haute résonance diplomatique
Depuis 1982, l’Assemblée de Corse évolue dans un cadre juridique strictement territorial. Pourtant, sous l’impulsion de sa présidente Marie-Antoinette Maupertuis, et avec l’appui de plusieurs groupes nationalistes, elle a adopté une motion politique à portée universelle : reconnaître l’existence de l’État de Palestine, dénoncer les exactions à Gaza, et réclamer une suspension des livraisons d’armes à Israël.
Une voix insulaire dans le concert international
La Corse ne fait que rejoindre une dynamique européenne : l’Espagne, l’Irlande, la Norvège ont reconnu la Palestine en 2024. En France, des municipalités (comme Morlaix) ont franchi le pas, sans que le gouvernement central ne suive pour l’instant. Emmanuel Macron avait envisagé une reconnaissance en juin 2025, mais sans concrétisation à ce jour.
Les lignes de fracture
L’initiative corse a suscité des réactions contrastées. Soutenue par la gauche radicale (France Insoumise), elle est dénoncée comme un geste partisan par la droite insulaire, tandis que la communauté juive corse la juge « incompréhensible ». Cette polarisation reflète un enjeu identitaire et géopolitique profond.
Le levier des collectivités : simple signal ou avant-garde diplomatique ?
Benjamin Morel, politologue à Paris II, rappelle qu’« une déclaration symbolique dans un parlement régional peut précéder un virage diplomatique national ». Dans un monde multipolaire, les collectivités territoriales deviennent des laboratoires d’initiatives internationales, bien que leur légitimité dans ce domaine soit contestée.
Conclusion : de la Méditerranée à l’Élysée, un chemin encore long
La motion corse ne changera pas seule la politique étrangère de la France. Mais elle pourrait être le catalyseur d’un débat national sur la reconnaissance de la Palestine. Dans un contexte de recomposition des alliances et de tensions géopolitiques, la voix d’une île peut parfois faire écho jusqu’aux plus hautes sphères.








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