Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

Vers Une Rigueur Juste : L’Année Blanche Comme Symbole D’un Malaise Budgétaire

Réflexion Critique Sur Les Choix Économiques Et Leurs Implications Humaines

Depuis quelques semaines, l’idée d’une « année blanche » agite les sphères politiques françaises. Défendue par François Bayrou et les équipes de Bercy, cette mesure consisterait à geler l’indexation des retraites, prestations sociales et du barème de l’impôt sur le revenu pour 2026. Présentée comme un levier d’économies face aux exigences budgétaires européennes, elle interroge profondément le sens même de la justice fiscale et sociale.

Dans les chiffres, la promesse semble claire : près de 40 milliards d’euros pourraient être économisés selon les projections du gouvernement. Le gel des pensions rapporterait environ 3,7 milliards, celui des aides sociales 1,3 milliard, et l’absence de revalorisation du barème fiscal 1,2 milliard. Ces données, relayées par Le HuffPost ([Source]), s’appuient sur les analyses croisées de l’OFCE et de l’Institut des Politiques Publiques. Pourtant, derrière les colonnes comptables se cache un choix politique dont les conséquences méritent mieux que des justifications techniques.

Car geler les revenus sans distinction revient à demander un effort équivalent à celles et ceux qui n’ont pas les mêmes ressources. Selon Le Monde ([Source]), ce gel pèserait bien plus lourdement sur les 5 % les plus modestes que sur les ménages aisés, avec une perte de pouvoir d’achat allant jusqu’à 1 % pour les un·e·s et à peine 0,3 % pour les autres. Ce déséquilibre révèle une vision de la rigueur budgétaire où l’équité semble reléguée derrière l’urgence de la coupe.

Il serait illusoire de nier les impératifs financiers actuels. Oui, la France est sous pression pour redresser ses comptes. Oui, l’inflation ralentit, rendant le gel politiquement « acceptable ». Mais faut-il pour autant faire l’économie d’un débat de fond sur la hiérarchisation des dépenses publiques ? Certain·e·s économistes, dans Le Figaro ([Source]), plaident pour une réforme plus courageuse, ciblant les doublons administratifs, les niches fiscales inefficaces et les dysfonctionnements structurels. Ne serait-ce pas là un chemin plus équitable, bien que plus exigeant ?

Ce débat, s’il reste confiné à des arbitrages technocratiques, risque de délégitimer encore un peu plus la parole publique. On ne rétablit pas la confiance avec une règle d’or budgétaire, mais en démontrant que chaque euro économisé est réfléchi, chaque impact mesuré, chaque citoyen·ne considéré·e. C’est à cette condition que l’austérité peut être comprise, voire acceptée : lorsqu’elle est juste, lisible et portée par une vision politique assumée.

Je crois profondément qu’il faut sortir de la logique du chiffre pour entrer dans celle du sens. Proposer une orientation plus ciblée, épargnant les plus vulnérables et investissant là où l’avenir se joue – dans l’éducation, la santé, la transition écologique – serait non seulement une stratégie plus humaine, mais aussi plus durable. Ce n’est pas un luxe, c’est une responsabilité.

Parce qu’une démocratie ne se juge pas à la rigueur qu’elle impose, mais à la justice avec laquelle elle l’applique.


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