Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Étincelle Et Flamme : Comprendre L’Amour Et La Passion

Étincelle Et Flamme : Comprendre L’Amour Et La Passion

Ce Que La Science Et La Réflexion Révèlent Sur Le Cœur Humain

Il arrive que l’on confonde l’éclair d’un instant avec la clarté durable d’une aube. On pense aimer, alors que l’on brûle. On croit bâtir un lien, alors qu’on se consume dans une projection. « Ce feu qui dévore », disent les poètes. Mais ce feu ne dure que si on le nourrit, l’apprivoise.

La passion m’apparaît comme un souffle puissant, charnel, immédiat. Elle se nourrit de l’inconnu, de l’intensité et de l’idéalisation. Le cerveau s’enflamme, libérant dopamine, cortisol et adrénaline. Selon la psychiatre Donatella Marazziti, les personnes amoureuses passionnément ont une baisse de sérotonine comparable à celle observée chez les patient·e·s atteint·e·s de TOC. Ce n’est pas un simple trouble, mais une réorganisation profonde de la perception, une urgence de l’autre, parfois confondue avec l’amour véritable.

Et pourtant, l’amour ne brûle pas, il éclaire. Il ne saisit pas, il accompagne. Il prend racine dans l’intimité, dans la confiance patiemment construite, dans l’engagement réciproque. Robert Sternberg a formulé une théorie éclairante, décrivant l’amour comme une combinaison de passion, d’intimité et d’engagement ([Source]). Quand ces trois dimensions s’équilibrent, l’amour devient total, profond et durable. Il n’est plus feu follet, mais flamme douce qui réchauffe sans brûler.

Aujourd’hui, j’observe un glissement silencieux. Certain·e·s cherchent encore la passion comme absolu, nourri·e·s d’images cinématographiques et de récits romantiques. D’autres, désabusé·e·s, choisissent la sécurité émotionnelle d’un amour construit. Entre les deux, émergent des formes hybrides, des désirs lucides, des relations où la flamme n’est ni idolâtrée ni étouffée.

Le monde numérique ajoute sa propre complexité : relations éphémères, multiplicité des connexions, ou, paradoxalement, quêtes de stabilité renforcée. Le polyamour, les amitiés amoureuses, les engagements réinventés sont des territoires en expansion. Mais ces évolutions posent aussi une question : « comment conjuguer intensité et durée sans trahir ni l’une ni l’autre ? »

Je remarque que passion et amour ne sont pas des rivales. Elles sont deux formes d’énergie du cœur, deux mouvements de l’âme. La passion est ce qui initie, ce qui fait battre le cœur plus vite. L’amour est ce qui permet à ce cœur de continuer à battre en harmonie avec un·e autre. Il ne s’agit pas de choisir entre l’une et l’autre, mais de les articuler dans une conscience renouvelée.

Je crois alors à une orientation plus claire : éduquer au discernement émotionnel, dès l’adolescence. Inviter à nommer ses élans, à reconnaître les signaux de la dépendance, à cultiver une passion sans perte de soi, à construire un amour qui laisse l’espace d’exister. « Aimer n’est pas se perdre », écrivait Simone Weil. « C’est se rencontrer dans un espace où la liberté de l’un·e nourrit la liberté de l’autre ».

Ce chemin demande lucidité, tendresse et courage. Il invite à apprivoiser à la fois l’étincelle et la flamme. À comprendre que l’une révèle, et que l’autre éclaire.


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