Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Et Si L’Eau Venait À Manquer ?

Et Si L’Eau Venait À Manquer ?

Comprendre Le Rôle De L’Agriculture Et Réinventer Notre Rapport Au Vivant

Il m’arrive de fermer le robinet un peu trop vite, par automatisme, et d’oublier l’essentiel : l’eau qui s’en écoule n’est pas une évidence. Elle est le fruit d’un équilibre fragile entre nature, usage humain, climat, et décisions politiques. Pourtant, ce bien commun est aujourd’hui menacé. Derrière la pénurie annoncée se cache une réalité encore taboue : notre modèle agricole, tel qu’il existe aujourd’hui, en est à la fois le principal consommateur et l’un des leviers les plus puissants pour changer la donne.

On parle souvent de 10 % d’eau utilisée par l’agriculture, un chiffre repris pour apaiser les inquiétudes. Mais ce pourcentage ne reflète qu’une partie de la réalité : il ignore les pertes irréversibles, notamment par évaporation. En vérité, l’agriculture représente environ « 58 % des prélèvements » et jusqu’à « 62 % de la consommation non restituée ». Autrement dit, une grande partie de cette eau ne retourne pas dans les nappes ni les rivières. Ces chiffres, bien loin d’être anecdotiques, traduisent une tension croissante entre alimentation et environnement, entre pratiques intensives et équilibre des écosystèmes.

Ce qui me frappe, c’est ce paradoxe : l’agriculture nourrit, mais elle assèche. Elle est à la fois source de vie et facteur d’épuisement. Et pourtant, je ne crois pas aux solutions binaires, ni à la culpabilisation facile. Je crois en une sobriété active, choisie, qui intègre les réalités agricoles sans sacrifier le vivant. Il est urgent de penser une autre manière de produire, plus douce, plus respectueuse, plus en lien avec les cycles naturels.

Certaines pratiques comme l’agroécologie, l’agroforesterie ou encore l’irrigation de précision montrent qu’une autre voie est possible. Elles ne sont pas parfaites, mais elles s’appuient sur une idée simple : prendre soin de la terre, c’est prendre soin de l’eau. Refuser les méga-bassines, par exemple, ce n’est pas refuser l’irrigation, mais dénoncer une solution centralisée, souvent imposée, qui prive certain·e·s pour en avantager d’autres. La question n’est pas uniquement technique, elle est profondément éthique.

Je me souviens d’un été récent, dans le sud-ouest, où le lit d’un ruisseau traversant un village restait sec des semaines durant. Autrefois vivante, cette eau symbolisait les souvenirs d’enfance, les baignades improvisées, les jeux simples. Ce vide n’était pas seulement hydrique, il était affectif. « L’eau est le miroir de notre société. Elle reflète nos excès comme nos renoncements », écrivait Erik Orsenna. Cette citation me revient souvent.

Je ressens profondément que nos choix collectifs reflètent notre rapport au monde. La surexploitation de l’eau pour maintenir un modèle agricole intensif interroge notre capacité à habiter la Terre avec humilité. Il ne s’agit pas de renoncer à nourrir, mais de réfléchir à comment nourrir sans assécher. C’est là que mes valeurs prennent toute leur place : respect de la biodiversité, solidarité entre les territoires, responsabilité dans nos consommations.

En partageant cette réflexion, j’espère susciter des prises de conscience. Car chaque geste, chaque décision publique ou privée, compte. Il n’y a pas de petites actions quand il s’agit de préserver ce qui est vital. Cultiver autrement, c’est déjà penser autrement. Et cela commence, peut-être, par une simple question : « que reste-t-il de notre lien à l’eau ? »

Si cette question vous parle, je vous invite à partager vos expériences, vos doutes, vos pistes. Parce qu’en parler, c’est déjà agir.


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