Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Duel Politique Et Ego Sur Seine

Duel Politique Et Ego Sur Seine

Pourquoi Le Théâtre Dati–Barnier Révèle Plus Que Des Ambitions Personnelles

Il paraît que la politique est affaire de convictions. C’est joli, c’est noble. Mais parfois, j’ai le sentiment qu’elle est surtout une scène, une sorte de comédie humaine où chacun·e s’agite en espérant que le rideau ne tombe pas trop vite. Dans le dernier acte en date, c’est Michel Barnier et Rachida Dati qui tiennent le haut de l’affiche. Un duo – ou devrais-je dire un duel – aux allures de tragédie urbaine, avec pour décor la très chic 2e circonscription de Paris et pour enjeu, la survie symbolique d’un parti qui ne sait plus très bien dans quel sens bat son cœur.

Je regarde cette pièce avec un mélange de tendresse et d’amusement cynique. Car voyez-vous, il y a dans cette rivalité quelque chose de presque littéraire. « Le pouvoir n’est plus un but, c’est un miroir », écrivait Camus. Et dans ce miroir-là, chacun·e se contemple à sa manière. Michel Barnier, l’éternel revenant des droites raisonnables, jure sur tous les plateaux qu’il ne veut pas de la mairie de Paris. Non, non, trois fois non, « aucune ambition municipale », répète-t-il avec une sincérité si travaillée qu’on finirait presque par le croire. Presque.

De l’autre côté, Rachida Dati. Combattive, inflexible, parfois brutale, souvent brillante, toujours présente. Sa colère n’est pas feinte : cette circonscription, c’est son territoire. Et Barnier, avec son regard d’homme d’État, vient lui marcher sur les escarpins. Ce n’est pas seulement une affaire d’étiquette, c’est une affaire d’orgueil. Et dans cette maison LR aux fondations déjà fissurées, ce genre de querelle pourrait bien faire s’écrouler le toit.

Je ne suis pas naïve. Je sais que les partis politiques, comme les familles, ont leurs tensions internes. Mais il y a quelque chose d’indécent à voir des ambitions personnelles se disputer un siège pendant que les électrices et électeurs cherchent désespérément une voix stable, un projet, une direction. Ce n’est pas tant la compétition qui me dérange – elle est naturelle –, c’est le parfum d’imposture qui s’en dégage. « Qui veut le pouvoir pour lui-même finit par trahir ceux qu’il prétend représenter », me soufflait un vieux professeur de sciences politiques. Il n’avait pas tort.

Ce qui me heurte aussi, c’est cette manie d’organiser l’influence à huis clos. Commissions verrouillées, investitures suspendues à des amitiés invisibles, alliances tacites et règlements de comptes médiatiques. Il paraît que nous sommes en démocratie. Mais où sont les électrices et électeurs dans cette histoire ? Où est le projet, le souffle, l’audace ? Les discours se ressemblent, les visages se répètent, et le fond s’efface derrière des postures.

Je crois qu’on aurait besoin, en politique comme ailleurs, de se souvenir que les fonctions ne sont pas des récompenses. Ce sont des responsabilités. Le courage, ce n’est pas de s’imposer contre un·e rival·e, c’est de se retirer quand sa présence fragilise le collectif. Le respect, ce n’est pas de dire « je n’ai pas d’ambition », c’est de le prouver. Et l’unité, ce n’est pas de rassembler les morceaux une fois la casse faite, c’est de prévenir les fractures en amont.

J’ai vu trop de cercles se fissurer à cause d’egos mal canalisés. Trop d’idées abandonnées sur l’autel des ambitions mal assumées. Ce n’est pas la droite, la gauche ou le centre que je défends ici, c’est la dignité du débat, la force du collectif, l’honnêteté du positionnement.

Alors oui, cette querelle Barnier–Dati me touche, non parce qu’elle est originale, mais parce qu’elle est tristement banale. Une banale guerre d’égos, dans un monde politique qui oublie qu’il est censé porter nos voix et non nos vanités.

Je laisse à chacun·e le soin de tirer ses propres conclusions. Mais j’espère que cette pièce finira autrement que par un silence gêné et quelques applaudissements mécaniques. Il serait temps, peut-être, d’écrire une autre histoire.


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