Quand La Voix Du Peuple Brise Le Silence Politique
Je me souviens du moment précis où j’ai entendu parler de cette loi. C’était un matin, en préparant mon thé, l’oreille distraite et l’esprit encore flou. Et puis ces mots ont surgi : « retour des pesticides interdits », « élevage industriel facilité », « adoption sans débat ». Mon cœur a bondi. Ce n’était pas un cauchemar. C’était voté. En 2025. En France.
« Comment peut-on, en conscience, légaliser ce qui détruit le vivant et dégrade notre santé, sans même ouvrir un débat ? » Cette question m’a habitée toute la journée. Elle continue de résonner. Parce qu’au-delà du contenu de la loi Duplomb – déjà profondément inquiétant – c’est la manière dont elle a été imposée qui m’a bouleversée. En silence. En force. En ignorant les voix pourtant si nombreuses qui réclament un changement de cap écologique et démocratique.
Et pourtant, une étincelle a jailli dans ce vide institutionnel. En quelques jours, plus d’un million de personnes ont signé une pétition exigeant l’abrogation de cette loi. Une jeune étudiante, Élénore, en est à l’origine. Elle aurait pu être ma fille, ma sœur, ou l’une de ces amies avec qui je refais le monde autour d’un café. Elle a agi là où d’autres se résignent. Et soudain, nous avons été un million à dire « non ».
Ce sursaut citoyen me touche profondément, car il résonne avec mes valeurs : le respect du vivant, l’éthique dans les décisions publiques, la justice environnementale. Je ne milite pas pour une perfection politique – elle n’existe pas – mais pour une cohérence entre les choix de société que nous prétendons porter et les actes que nous posons collectivement. Cette loi ne fait pas que rompre cet équilibre, elle l’écrase au nom d’une logique productiviste à courte vue.
Le choix de m’attarder ici sur la mobilisation, et non sur les mécanismes techniques de la loi, n’est pas anodin. Parce que c’est là que se joue, à mon sens, le vrai combat : celui de la démocratie vivante. Celle où des citoyen·ne·s ordinaires, par leur présence, leur voix et leurs convictions, rappellent aux institutions qu’elles ne sont pas au-dessus du vivant. Cette énergie collective est notre seule réponse face au sentiment d’impuissance qui nous ronge parfois.
Je pense à cette phrase d’Audre Lorde : « Votre silence ne vous protégera pas ». Elle résonne ici avec force. Le silence, c’est celui qu’on nous impose quand on adopte une loi sans débat. C’est aussi celui que nous choisissons parfois, par fatigue, par peur ou par résignation. Or, cette mobilisation massive prouve que ce silence peut être rompu, qu’il peut se transformer en force, en débat, en éveil.
Je ne sais pas si cette pétition changera la loi. Peut-être qu’un débat aura lieu à l’Assemblée. Peut-être que le Conseil constitutionnel tranchera. Peut-être qu’aucune de ces issues ne se réalisera. Mais ce que je sais, c’est que ce mouvement est déjà une victoire : il rappelle que notre parole compte, que la conscience écologique est bien vivante, et qu’il existe encore une place pour la justice dans notre imaginaire politique.
Aujourd’hui, je choisis de ne pas détourner le regard. Je choisis de croire que chaque voix compte. Que chaque mot, chaque action, chaque signature est une graine. Et que ces graines, tôt ou tard, deviennent forêt.
Les petits billets de Letizia 