Une Injustice Qui Perdure Malgré Les Lois Et Les Engagements
Il y a des sujets qui ne cessent de me révolter, même après des années de progrès et de débats publics. L’inégalité salariale entre les femmes et les hommes en fait partie. En 2025, malgré les textes de loi, les engagements politiques et les déclarations de principe, les chiffres continuent de parler d’eux-mêmes. « À poste équivalent et à temps plein, une femme gagne toujours en moyenne 14,9 % de moins qu’un homme ». Quand on prend en compte l’ensemble des situations, cet écart grimpe à 23,5 %. Ces chiffres ne sont pas que des statistiques. Ce sont des vies, des efforts non reconnus, des compétences dévalorisées.
Je crois profondément en l’égalité réelle. Pas seulement sur le papier, mais dans les faits, dans les corps, dans les parcours. Ce qui me touche le plus, c’est ce mélange d’injustices visibles et invisibles. L’effet cumulé des stéréotypes, du temps partiel subi, des interruptions de carrière liées à la maternité, du plafond de verre… Autant d’éléments qui construisent une réalité où les femmes sont encore et toujours moins bien rémunérées, moins considérées, moins promues.
Quand j’observe mon entourage professionnel, je vois des femmes brillantes, investies, compétentes, qui hésitent à négocier leur salaire, à postuler pour des postes à responsabilité, par peur d’en faire trop ou de ne pas cocher toutes les cases. Je me revois moi-même, il y a quelques années, accepter une proposition salariale inférieure à ce que je méritais, simplement parce que « c’était déjà bien pour une première opportunité ». Ce conditionnement-là est une violence douce, constante, intériorisée.
Ce que j’ai compris au fil du temps, c’est que les lois ne suffisent pas. Il faut transformer les mentalités, bousculer les cultures d’entreprise, déconstruire les automatismes sexistes. Les politiques publiques actuelles ont leurs limites. L’index d’égalité professionnelle, par exemple, est souvent contourné ou peu transparent. Les sanctions sont rares, les écarts persistent. Pourtant, des modèles existent. En Islande ou en Suède, la transparence salariale est une réalité, et elle a permis de réduire les écarts de manière significative.
J’ai choisi de croire à une transformation profonde, ancrée dans la reconnaissance du travail invisible, la revalorisation des métiers féminisés, et une répartition équitable des responsabilités parentales. C’est là que se joue l’égalité : dans le droit mais aussi dans le quotidien. « On ne naît pas femme, on le devient », écrivait Simone de Beauvoir. J’ajouterais : « Et on ne devient pas égale, on le conquiert ».
Je pense aussi aux retraites. Aux femmes qui, après une vie de travail à temps partiel ou entrecoupée, se retrouvent avec des pensions de 30 % inférieures à celles des hommes. Ce n’est pas seulement une inégalité économique, c’est une forme de précarisation systémique. Et cela me semble inacceptable.
Ce sujet me semble d’autant plus important qu’il est souvent relégué à l’arrière-plan des priorités politiques. Pourtant, c’est une clé pour une société plus juste, plus humaine. L’égalité salariale n’est pas un luxe, c’est une exigence. Une condition essentielle pour que chaque personne puisse vivre librement, dignement, sans dépendance ni culpabilité.
J’aimerais que cet article invite à la discussion. Que chacun·e puisse s’interroger sur ses propres pratiques, ses perceptions, ses biais. Qu’on prenne conscience que cette injustice n’est pas une fatalité, mais une construction sociale que nous avons le pouvoir de déconstruire ensemble. Parce qu’en fin de compte, « l’égalité n’est pas un rêve, c’est une direction ».
Références utilisées :
– Le Monde, articles de novembre 2024 sur la directive européenne sur la transparence salariale






