Les petits billets de Letizia

Un blog pour donner à réfléchir, pas pour influencer… #SalesConnes #NousToutes


Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

, ,

Autonomie De La Corse : Un Acte De Confiance Dans La République

Autonomie De La Corse : Un Acte De Confiance Dans La République

Pour Une Autonomie Responsable, Fidèle À L’esprit Républicain Et Aux Aspirations Insulaires

Depuis toujours, je suis profondément sensible à la question des territoires, à leur singularité, à ce qu’ils incarnent de mémoire, de résistance, mais aussi d’avenir. En suivant de près les récents débats sur l’autonomie de la Corse, je n’ai pas vu simplement une réforme institutionnelle en gestation, mais une question fondamentale : « comment une République peut-elle reconnaître pleinement la richesse de ses différences, sans se renier ? »

Ce qui se joue ici, c’est bien plus qu’un nouveau statut. C’est une manière de regarder autrement un territoire marqué par une histoire douloureuse et une volonté constante de vivre selon ses codes, sa langue, sa culture. Et pourtant, cette quête d’autonomie, telle qu’elle est défendue aujourd’hui par la majorité de l’Assemblée de Corse, ne porte pas de rupture, mais au contraire une main tendue à l’État. Une main qui dit : « faisons autrement, mais ensemble ».

J’ai choisi d’aborder cette question avec nuance, en partant de mes valeurs d’écoute, de justice territoriale et d’unité respectueuse. Je crois profondément que l’autonomie, quand elle est pensée dans un cadre clair, peut devenir un levier d’harmonie. Une autonomie républicaine, ancrée dans la solidarité nationale, mais ajustée aux réalités de l’île. Car oui, la Corse n’est pas un territoire comme les autres. Elle est à la fois française et corse, enracinée dans une culture spécifique, et confrontée à des défis – économiques, sociaux, écologiques – qui réclament des réponses locales.

Aujourd’hui, l’Assemblée de Corse propose une autonomie « dans la République », sans aller jusqu’à revendiquer une indépendance ou une dissidence. Elle ne demande pas l’extraterritorialité, mais un droit d’adaptation. Loin des fantasmes, cette revendication vise à donner à l’île les moyens de mieux gérer ses ressources, de protéger sa langue, de réguler l’accès au foncier, tout en restant pleinement attachée aux principes constitutionnels.

Certain·e·s s’inquiètent d’un précédent qui fragiliserait l’unité nationale. Pourtant, des exemples européens montrent qu’il est possible de conjuguer différenciation et cohésion. L’Espagne, l’Italie ou encore le Danemark ont intégré des formes d’autonomie dans leur modèle, sans éclatement. La vraie fragilité naît souvent du refus d’écouter, de l’impossibilité d’adapter. Et je le crois profondément : une République forte est une République qui sait reconnaître les particularités de ses enfants, sans les classer, sans les hiérarchiser.

Dans cette perspective, le rôle du Parlement est fondamental. C’est à lui de porter le débat avec hauteur, sans céder aux peurs ni aux postures. Le Conseil d’État a émis des réserves sur certaines formulations, notamment autour du concept de « communauté corse ». Cela mérite d’être entendu, mais sans que cela ne bloque toute avancée. L’essentiel est de trouver des formulations constitutionnelles compatibles avec l’unité républicaine, tout en affirmant une identité culturelle forte.

Je repense à cette phrase d’Édouard Glissant : « L’identité n’est pas une essence mais une relation ». Et je me dis que la Corse, dans cette quête d’autonomie, propose une relation nouvelle à la République. Elle ne demande pas un privilège, mais une reconnaissance. Une reconnaissance fondée sur la confiance, sur la capacité à déléguer, à ajuster, à créer du sur-mesure dans un cadre commun.

Ce débat, bien au-delà des lignes partisanes, nous invite à réfléchir à ce que nous voulons bâtir ensemble. Une République figée dans une uniformité théorique, ou une République vivante, capable de dialoguer avec ses territoires, d’épouser leurs contours sans se perdre.

En écoutant la Corse, en acceptant de construire avec elle une autonomie lucide et républicaine, nous ne cédons rien à l’unité. Nous la renforçons. Nous la faisons respirer.


En savoir plus sur Les petits billets de Letizia

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.