Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Croire Ou Savoir : Quand La Science Ébranle La Croyance

Croire Ou Savoir : Quand La Science Ébranle La Croyance

Une Réflexion Antithéiste Et Agnostique Sur L’impact De La Religiosité Sur Les Compétences Scientifiques

Il m’est arrivé, plus d’une fois, de me retrouver face à un mur d’incompréhension en abordant des sujets scientifiques avec des personnes croyantes. Non pas par manque de culture, mais par refus. Ce refus, souvent doux, parfois catégorique, m’a toujours troublée. En tant qu’antithéiste et agnostique, j’ai besoin de comprendre le monde sans le voiler d’un sens prédéfini. Ce besoin, je le ressens comme une urgence, un élan vital face à l’opacité dogmatique.

Ce qui m’a poussée à écrire, c’est ce contraste répété : plus la pratique religieuse semble intense, plus la science devient secondaire, voire suspecte. Ce n’est pas une hypothèse gratuite, c’est un constat récurrent dans de nombreuses études internationales. Elles montrent une corrélation forte entre niveau de religiosité et faibles compétences scientifiques, tant dans la population générale que chez les jeunes. Cette corrélation ne dit pas tout, bien sûr. Mais elle révèle quelque chose d’essentiel : « plus on croit, moins on interroge », ou, du moins, moins on utilise les outils rigoureux de la méthode scientifique.

Je me souviens de cette discussion avec une camarade de fac. Elle priait cinq fois par jour et m’affirmait que « Dieu avait créé l’univers », et que les théories cosmologiques n’étaient que des « constructions humaines ». Je n’ai rien répondu, pas par respect, mais par fatigue. Cette opposition permanente entre raison et foi épuise. Elle enferme dans une vision du monde qui ne laisse aucune place au doute, alors que le doute est, pour moi, la forme la plus noble de l’intelligence.

Certain·e·s diront que foi et science peuvent coexister. C’est vrai, dans certains cas. Des scientifiques croyant·e·s existent, évidemment. Mais ce sont des exceptions. Dans la majorité des cas, surtout dans les pays laïques comme la France, plus une personne est formée aux sciences, moins elle est croyante. C’est une tendance lourde, validée par les enquêtes sociologiques. Pourquoi ? Parce que la science apprend à déconstruire, à suspendre son jugement, à ne pas s’en remettre à l’autorité. Là où la religion, souvent, réclame l’adhésion, l’humilité et l’abandon.

Je ne prétends pas que la foi empêche de penser. Mais elle oriente, elle colore la pensée d’un filtre invisible. Elle donne des réponses avant même que les questions soient formulées. C’est précisément là que mon antithéisme prend racine. Non pas dans une hostilité émotionnelle, mais dans une exigence éthique : celle de ne jamais renoncer à la lucidité. Comme l’écrivait Simone de Beauvoir : « Le fait d’être libre ne signifie pas être capable de faire ce que l’on veut, mais être capable de réfléchir sur ce que l’on fait ».

Certain·e·s musulman·e·s ou chrétien·ne·s très pratiquant·e·s ont été sous-représenté·e·s dans certaines études, ou mal compris·e·s. Mais cela ne suffit pas à inverser la tendance globale. Plus la pratique religieuse est intense, plus les compétences scientifiques tendent à s’effondrer. C’est là un enjeu majeur pour l’école, la société, et nos démocraties. Car une société qui doute de la science est une société vulnérable, proie facile des théories du complot, des médecines alternatives mortifères ou du fanatisme.

Mon agnosticisme ne consiste pas à rester dans l’indécision. Il consiste à refuser toute prétention au savoir absolu. La science non plus n’est pas absolue, elle est faillible, toujours perfectible. Mais elle a cette humilité magnifique que la religion refuse trop souvent : elle accepte de ne pas tout savoir, de réviser, de recommencer.

Je crois en la force du doute, en la beauté de l’ignorance consciente. Je crois qu’on peut construire un monde plus juste et plus lucide, sans avoir besoin de dieux, mais avec des êtres humain·e·s capables de regarder l’univers sans y chercher un maître.


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