Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Quand La Haine Du Genre Devient Une Arme

Quand La Haine Du Genre Devient Une Arme

Comprendre La Radicalisation Misogyne Pour Mieux La Combattre

Je ne peux plus faire semblant de ne pas voir. Depuis quelques années, je ressens une inquiétude sourde, une tension grandissante autour de moi. Elle ne se manifeste pas toujours par des cris, des slogans ou des violences visibles. Parfois, elle prend la forme d’une blague sexiste glissée dans une conversation, d’un commentaire glacial sous une publication militante, ou d’un silence gêné lorsqu’on parle d’égalité. Mais ce que j’observe aujourd’hui va bien au-delà de simples maladresses sociales. Ce que je ressens, c’est la montée d’une haine structurée, enracinée, qui cible les femmes, les minorités de genre, les personnes LGBTQIA+… et qui, lentement, se transforme en idéologie radicale.

Ce qui m’a particulièrement interpellée, c’est de comprendre que « la misogynie n’est pas seulement un symptôme, mais bien une porte d’entrée vers l’extrémisme violent ». Derrière ce constat glaçant, plusieurs chercheurs et chercheuses et organisations internationales dressent un tableau sans équivoque : la haine de genre agit souvent comme un déclencheur, un socle commun qui permet à des individus – souvent jeunes, souvent isolés – de glisser vers des discours racistes, complotistes, homophobes, et même terroristes.

Ce qui me bouleverse, c’est cette banalité de départ. Un forum, une vidéo virale, une discussion sur les « rapports hommes-femmes »… et puis, insidieusement, le langage se durcit, les figures se simplifient, l’ennemi se précise. « Les femmes sont responsables de leur propre malheur », « Les féministes détruisent la société », « Les minorités sont favorisées ». Ces phrases, que je lis parfois en ligne, me glacent. Elles sont les premières lignes d’un récit bien plus vaste : celui qui oppose la masculinité à la justice, la tradition à l’égalité, l’identité nationale à l’inclusion.

Je repense à une conversation avec une adolescente que j’accompagnais dans un cadre associatif. Elle me disait : « J’ai peur de m’exprimer en classe, j’ai peur qu’on m’accuse de trop en faire, ou de vouloir “dominer les garçons” ». Ce n’était pas un cas isolé. C’était le reflet d’un climat, d’un glissement culturel où la remise en cause de la domination masculine est perçue non comme un progrès, mais comme une agression. Et dans ce contexte, les extrémismes prospèrent.

Une partie de la radicalisation moderne passe par des espaces numériques opaques : forums masculinistes, chaînes YouTube « redpill », fils Telegram de haine. Ce sont de véritables incubateurs idéologiques. Ils offrent des récits simples à des personnes fragilisées : « Si tu souffres, c’est à cause des femmes, des féministes, des “autres” ». Et cette logique d’opposition finit par déborder : elle attaque les LGBTQIA+, rejette les institutions, nourrit un ressentiment contre l’État.

Je suis convaincue qu’il est urgent de réagir. Non pas par la peur ou la répression seule, mais par l’intelligence collective, l’éducation, le soin des récits. Il faut créer des espaces où les jeunes, quel que soit leur genre, peuvent parler de leurs doutes, exprimer leur mal-être sans que cela se transforme en haine. Il faut aussi former les enseignant·e·s, les éducateurs et éducatrices, les professionnel·le·s du numérique à repérer les signaux faibles.

Ce combat est profondément lié à mes valeurs. Parce que je crois en la justice sociale, en l’égalité réelle, en la dignité partagée. Parce que je sais que le respect ne se décrète pas, il se construit. Parce que je ressens qu’on ne peut pas lutter contre les extrémismes sans affronter aussi ce terreau quotidien qu’est la misogynie banalisée.

Comme le disait Simone de Beauvoir : « Le féminisme est une façon de vivre individuellement et de lutter collectivement ». Alors vivons, et luttons. Ensemble.


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