Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Pourquoi Je Ne Crois Plus À La Neutralité Des Médias

Pourquoi Je Ne Crois Plus À La Neutralité Des Médias

Vers Un Journalisme Situé, Conscient Et Responsable

Je l’avoue sans détour : je ne suis jamais totalement neutre dans mes écrits. Et je doute sincèrement qu’un seul article le soit. Cette idée m’a longtemps gênée. J’avais l’impression qu’écrire devait être un exercice de transparence absolue, de distance presque chirurgicale face au monde. Mais à force de lire, de questionner, d’écouter, je me suis rendu compte que la prétendue neutralité journalistique relevait souvent d’un « mythe utile », plus que d’un principe universel.

Ma sensibilité, mes engagements, mes lectures, mon histoire – tout cela filtre forcément ce que je vois et ce que je raconte. Et je ne pense pas être la seule. Ce que nous appelons « neutralité », dans les journaux ou à la télévision, est souvent une forme de cadrage implicite, un prisme qui choisit ce qu’il montre et ce qu’il tait. Il y a toujours un angle, une hiérarchie de l’information, un choix de vocabulaire. Et ces choix sont profondément humains.

J’ai compris cela en lisant des analyses critiques sur le rôle des journalistes face à l’extrême droite, au climat ou aux discriminations. Peut-on vraiment couvrir une montée de haine avec une prétention à l’« objectivité » ? Ne rien dire, ne pas qualifier, ce n’est pas être neutre. C’est prendre position malgré soi, au risque de laisser prospérer l’inacceptable. Comme le dit Hannah Arendt : « La neutralité aide toujours l’oppresseur, jamais la victime ».

Alors oui, je crois à un journalisme rigoureux, mais pas désincarné. Un journalisme situé, qui assume son regard tout en respectant les faits. C’est cette honnêteté-là qui m’inspire, bien plus que la promesse illusoire d’un point de vue neutre. Dans ce sens, j’admire les voix qui affirment leur posture sans renier l’éthique : donner la parole à celles et ceux qu’on n’entend jamais, contextualiser les choix éditoriaux, expliquer pourquoi une histoire mérite d’être racontée.

Je me souviens d’un reportage sur des femmes réfugiées climatiques qui m’a bouleversée. Il ne cherchait pas l’équilibre factice entre leurs récits et des contrepoints froids, mais la vérité de leurs parcours. Il n’était pas neutre, non. Il était juste, parce qu’il incarnait une forme de responsabilité journalistique : celle de montrer ce qu’on ne veut pas voir.

Cette approche m’inspire dans mes propres textes. Je cherche à dire ce que je ressens, ce que je comprends, sans jamais prétendre à une position surplombante. Parce qu’au fond, écrire, c’est toujours prendre un risque. Celui d’être soi, même dans le doute, même dans le trouble. Et je préfère mille fois ce risque à l’illusion glacée d’un « regard objectif ».

Mon engagement ne signifie pas que je refuse le débat ou la nuance. Au contraire. C’est précisément parce que je suis consciente de ma position que je peux accueillir d’autres récits, d’autres voix. La pluralité ne naît pas de la neutralité, mais de la capacité à reconnaître nos angles morts.

Alors non, je ne crois plus à la neutralité journalistique comme idéal indiscutable. Je crois en revanche à une éthique du récit : celle qui fait de l’honnêteté, de la responsabilité et de la clarté les fondements d’un journalisme plus humain, plus conscient, plus proche de celles et ceux qui vivent ce que d’autres racontent.

Si cet article résonne avec vos expériences, vos lectures ou vos doutes, je serais heureuse de lire vos impressions. Partagez-les. Parlons-en. Car derrière chaque mot, chaque silence, il y a une voix. Et cette voix mérite d’être entendue.


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