Une Réflexion Inclusive Sur Les Bénéfices Croisés De L’Égalité De Genre
Il m’est souvent arrivé de réfléchir à la manière dont les combats féministes influencent non seulement nos vies de femmes, mais aussi celles des hommes qui nous entourent. En grandissant, j’ai observé avec tristesse ces garçons à qui l’on avait appris à ne pas pleurer, à se taire, à « se tenir droit » dans un monde où toute faille émotionnelle était perçue comme une faiblesse. Ces injonctions, je les ai vues étouffer, isoler, parfois briser.
Ce que je crois profondément, c’est que le féminisme, loin de rejeter les hommes ou de les accuser, propose une voie vers plus de liberté pour chacun·e. En déconstruisant les normes rigides de genre, il offre un espace nouveau où les hommes peuvent eux aussi s’émanciper des attentes virilistes, du silence émotionnel, de la pression de performance constante. « Le féminisme n’est pas une guerre contre les hommes, c’est une guerre contre les stéréotypes », disait Chimamanda Ngozi Adichie. Et je ne peux qu’y souscrire.
Dans une société patriarcale, ce sont souvent les femmes qui paient le prix visible de l’oppression, mais les hommes en sont aussi les victimes silencieuses. La santé mentale en est un bon révélateur. Aujourd’hui encore, les hommes représentent près de 75 % des décès par suicide. Ce chiffre ne peut pas être lu sans considérer les normes qui leur imposent de rester forts, muets, impassibles. Combien d’hommes souffrent sans jamais pouvoir poser des mots sur leur mal-être ? Combien se noient dans des colères qu’on leur a appris à valoriser plutôt qu’à comprendre ?
Je suis convaincue que l’éducation émotionnelle est une des clés de cette transformation. Le féminisme encourage cette voie, non pour féminiser les garçons, mais pour les reconnecter à leur humanité. Ouvrir des espaces où les garçons peuvent pleurer, dire « j’ai peur », « je suis triste », « j’ai besoin d’aide », c’est leur offrir une chance de grandir libres de toute injonction viriliste. Et c’est aussi, indirectement, prévenir des violences futures. Car on le sait, le non-dit, l’émotion refoulée, la frustration peuvent se transformer en agressivité, en repli ou en rejet.
Ce que je trouve particulièrement inspirant, ce sont les initiatives qui permettent à des hommes de repenser leur masculinité en dehors du modèle dominant. Ces cercles de parole, ces groupes d’écoute, ces nouveaux récits paternels où les hommes osent être vulnérables, tendres, attentifs. Ils me rappellent que le changement ne passe pas seulement par les lois, mais aussi par les liens. En tant que femme, je n’attends pas que les hommes soient parfaits, j’espère simplement qu’ils puissent être pleinement eux-mêmes, débarrassés de ce que l’on attendait d’eux sans leur laisser le choix.
Je crois que la coexistence harmonieuse entre les genres commence ici. Dans cette volonté partagée de nous libérer ensemble, et non les un·e·s contre les autres. Ce que propose le féminisme, c’est un monde plus doux, plus juste, plus fluide. Un monde où les rôles ne sont plus assignés mais choisis, où la tendresse n’a plus de genre, où la force ne s’exprime plus uniquement par le silence ou la domination.
Cette vision peut sembler idéaliste, mais elle est nécessaire. Et surtout, elle est possible. Elle commence dans l’éducation, dans les récits que l’on partage, dans les gestes du quotidien. Elle commence peut-être aussi ici, dans ce texte, dans cette conversation que j’espère poursuivre avec vous.







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