Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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Justice Des Mineur·e·s En France

Justice Des Mineur·e·s En France

Analyse Ironique D’un Glissement Politique Où L’on Confond Autorité Et Abandon Éducatif

J’ai longtemps cru qu’un enfant, même un peu en colère, restait un enfant. Qu’on ne le transformait pas en délinquant à coups de lois ou de slogans. Mais visiblement, certain·e·s ont trouvé une autre voie : « rendre la justice plus efficace en supprimant ses principes ». Et tant qu’à faire, autant le faire dès 13 ans. Ou 11, si on se laisse porter par l’élan.

Car aujourd’hui, ce qui est présenté comme un sursaut d’autorité ressemble de plus en plus à un réflexe pavlovien : un fait divers, une émotion publique, un Premier ministre – pardon, un député ambitieux – et hop, une réforme. À ce rythme, même les adolescent·e·s qui haussent les épaules risquent bientôt l’assignation à résidence. Ce serait presque comique si ce n’était pas aussi grave.

Ce qui me frappe, c’est cette frénésie à vouloir faire rentrer dans des cases judiciaires des jeunes qui, souvent, n’arrivent déjà pas à rentrer dans celles de l’école. On parle de responsabilité, de sanction, de casier judiciaire, comme on distribue des avertissements dans une classe trop bruyante. « Il faut rétablir l’autorité », nous dit-on. Mais à quel prix, et surtout, sur qui ?

Derrière ce discours musclé, je reconnais une peur : celle d’une jeunesse perçue comme incontrôlable, dangereuse, étrangère parfois. Une peur sociale qui se cache derrière des mots d’ordre juridiques. Parce qu’évidemment, il n’est jamais question des enfants bien né·e·s du XVIe arrondissement. Eux, quand ils dérapent, on parle de mal-être ou d’erreur de jeunesse. Les autres, on les appelle « multirécidivistes », « profils à risque », et même « bombes à retardement ».

Dans cette logique, l’excuse de minorité devient une aberration. Pourquoi distinguer un·e jeune de 15 ans d’un adulte ? Après tout, il ou elle sait très bien ce qu’iel fait, n’est-ce pas ? Iel a un smartphone, donc forcément une conscience juridique avancée. On aimerait bien y croire. Ou pas.

Cette obsession de punir plus vite, plus fort, plus tôt, m’évoque une société qui préfère punir ce qu’elle n’a pas su comprendre. Et qui, faute de projet éducatif cohérent, recycle de vieilles recettes autoritaires. Un peu comme ces plats industriels pleins de conservateurs : rassurants en surface, mais peu nourrissants.

Alors oui, je plaide pour une justice qui écoute avant de juger. Pour un accompagnement plutôt qu’un enfermement. Pour une autorité qui éduque au lieu d’effrayer. Car on ne peut pas bâtir une société plus juste en commençant par trahir ses enfants.

Et je me souviens de cette phrase de Françoise Dolto, qui disait : « L’enfant n’est pas un vase qu’on remplit, mais une source qu’on laisse jaillir ». Aujourd’hui, j’ai le sentiment qu’on a renversé le vase sur lui-même, et qu’on le punit de ne pas contenir notre peur collective.

Peut-être serait-il temps d’accepter que l’autorité, la vraie, c’est celle qui protège sans abîmer, qui exige sans humilier, qui répare sans briser.


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