Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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France Et Corruption : Une Démocratie Fragilisée Par Le Doute

France Et Corruption : Une Démocratie Fragilisée Par Le Doute

Quand Le Recul De La Transparence Résonne Avec La Défiance Citoyenne

Je me souviens de ce moment, en pleine conversation avec un ami, où il m’a lancé avec un mélange d’agacement et de résignation : « De toute façon, ils sont tous pourris ». Ce genre de phrase, il y a quelques années, me semblait exagéré. Aujourd’hui, elle résonne comme un écho de plus en plus familier dans les discussions de café, sur les bancs publics, dans les files d’attente. Le dernier classement de l’Indice de Perception de la Corruption m’a profondément troublée : la France a reculé à la 25e place, avec un score de 67/100. C’est plus qu’un chiffre. C’est un signal.

Ce recul traduit un malaise institutionnel que nous ressentons dans nos vies quotidiennes. Il ne s’agit pas seulement de grandes affaires médiatiques ou de chiffres techniques. Il s’agit de notre relation aux responsables publics, de la manière dont nous percevons la justice, l’équité et la parole politique. La corruption n’est plus un phénomène lointain ou exotique. Elle s’installe dans nos préoccupations, dans notre perception du pouvoir, dans ce sentiment diffus que certaines décisions échappent à tout contrôle citoyen.

Des scandales récents ont aggravé cette impression. Le maintien de personnalités mises en examen dans des postes gouvernementaux, les arrangements juridiques négociés avec des multinationales dans des affaires de fraude ou de blanchiment, la gestion opaque du scandale Nestlé-Waters… Autant d’épisodes qui laissent un goût amer. Et surtout, un silence politique qui trouble : pourquoi cette question est-elle absente du débat démocratique ? Pourquoi les mécanismes de prévention et de sanction semblent-ils si timides face à l’ampleur du défi ?

Cette impression de déconnexion entre les discours de probité et les pratiques réelles creuse un fossé dangereux. Elle alimente la défiance, le repli, voire le désengagement. J’entends trop souvent des proches dire qu’ils ne voteront plus, « parce que rien ne change », ou « parce qu’ils se couvrent entre eux ». Ces paroles ne viennent pas de personnes indifférentes. Elles viennent de citoyen·ne·s qui ont cru, qui ont espéré, et qui aujourd’hui doutent.

Je refuse de croire que cette défiance est une fatalité. J’ai vu, entendu et accompagné des personnes qui se battent pour une démocratie plus intègre : des journalistes d’investigation, des juristes engagés, des citoyen·ne·s qui dénoncent, qui alertent, qui proposent. La transparence ne se décrète pas. Elle se construit. Elle s’incarne dans des gestes concrets, dans des institutions réellement contrôlées, dans une culture de la responsabilité partagée.

Je crois que notre démocratie a besoin d’un sursaut éthique. Pas d’un moralisme rigide, mais d’un retour au sens : à ce que signifie servir l’intérêt général, protéger le bien commun, écouter et rendre des comptes. « Il ne suffit pas que la justice soit rendue ; il faut encore qu’elle soit vue comme juste », écrivait Montesquieu. Aujourd’hui, ce principe devrait guider toute réforme de notre vie publique.

Dans cette perspective, je suis convaincue qu’il ne devrait y avoir aucune ambiguïté sur la place des responsables compromis dans notre système politique. Lorsqu’un·e élu·e est reconnu·e coupable de corruption, de fraude ou d’abus de pouvoir, il me semble fondamental qu’il ou elle soit exclu·e de manière définitive de toute fonction publique. Pas pour punir, mais pour protéger l’intégrité des institutions. La confiance ne peut se reconstruire si l’on tolère le retour de celles et ceux qui l’ont trahie. La probité ne peut être une parenthèse. Elle doit devenir une ligne rouge, infranchissable.

J’ai la conviction que nous pouvons, collectivement, exiger mieux. Que la probité ne soit plus un luxe, mais une exigence ordinaire. Que l’engagement public retrouve sa noblesse. Cela commence par l’information, le dialogue, le refus du cynisme. Cela passe aussi par nous, par notre vigilance, notre capacité à interpeller, à questionner, à construire d’autres récits.

Je n’ai pas toutes les réponses. Mais je veux croire que poser ces questions, c’est déjà refuser la résignation.

Sources utilisées :

– Transparency International. Corruption Perceptions Index 2024

– Reuters, AP News, The Guardian, Euronews (sur le scandale Nestlé-Waters)

– Wikipédia, portail Corruption en France (mise à jour 2025)

– Le Monde, France Culture, IRIS, IFRI (analyses et commentaires politiques)


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