Les petits billets de Letizia

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Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

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L’Été Entre Canicule, Injonctions Et Instants Suspendus

L’Été Entre Canicule, Injonctions Et Instants Suspendus

Réflexion Sur Une Saison Aux Contrastes Intenses Et Sur Notre Manière De L’habiter

L’été arrive toujours avec son cortège d’images attendues. Les cartes postales affichent des corps allongés sur des plages immaculées, des apéritifs en terrasse au coucher du soleil et des voyages vers des horizons lumineux. Pourtant, derrière cette vitrine souriante, il existe une autre réalité, moins photogénique et parfois plus lourde à porter. C’est cette tension, entre promesse et désillusion, que j’ai voulu interroger.

Depuis quelques années, les canicules se succèdent, de plus en plus précoces et intenses. La chaleur ne se contente plus de peser sur nos épaules : elle assèche les sols, affaiblit les arbres, vide les rivières. Elle fragilise les corps les plus vulnérables et rend le quotidien presque invivable. Je me souviens d’un après-midi où l’air semblait figé, la ville vidée de toute énergie, comme si le temps lui-même avait cessé de circuler.

Pourtant, il ne s’agit pas seulement de météo. L’été peut aussi faire naître une forme de vacuité. Lorsque les rues se vident et que les routines s’effacent, un vide s’installe parfois. On pourrait croire que cette pause est un luxe, mais elle peut aussi devenir un piège, celui de l’ennui pesant, de la lassitude, voire du découragement. La chaleur accable et réduit l’envie de sortir, de créer, de partager.

À cela s’ajoute une pression subtile mais constante : celle de vivre un été parfait. Les publicités, les publications en ligne, les conversations entre ami·e·s nourrissent cette idée que nous devons profiter, sourire, rayonner. Mais que se passe-t-il lorsque notre été n’entre pas dans ce cadre idéalisé ? L’injonction devient alors un poids. Je me rappelle avoir observé autour de moi des visages figés dans des sourires de façade, comme si l’important était moins de ressentir que de montrer.

Cette saison révèle aussi des fractures profondes. Certain·e·s partent vers des destinations lointaines, tandis que d’autres restent, faute de moyens ou de temps. Les villes se vident de leurs habitant·e·s les plus mobiles, laissant derrière elles un calme étrange, parfois teinté de solitude. Dans le même temps, des zones touristiques se saturent au point d’étouffer leur propre charme, transformant paysages et rythmes de vie locaux.

Pourtant, au milieu de cette frénésie et de ces tensions, il existe un espace possible : celui d’un été plus lent, plus conscient. Accepter de ne pas tout remplir, laisser de la place à l’ennui pour qu’il devienne fertile. J’ai appris que ces moments d’immobilité apparente peuvent accueillir des pensées neuves, des envies inattendues, des projets que l’on n’aurait pas vus venir dans le tumulte.

Comme le disait si justement Albert Camus, « Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un été invincible ». Peut-être est-ce là l’enjeu : retrouver cet été intérieur, au-delà des clichés et des contraintes extérieures. Un été qui ne dépend pas uniquement de la météo ni du calendrier, mais de notre manière d’habiter le temps, de respirer avec lui.

Alors, plutôt que de céder aux injonctions ou de subir la lassitude, j’ai envie de chercher ces instants suspendus où la saison reprend un sens. Que ce soit à l’ombre d’un arbre rescapé de la sécheresse, dans une rue silencieuse ou au bord d’une eau calme, il existe encore des espaces où l’été peut se vivre autrement, loin de la surchauffe, loin du spectacle.


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