Les petits billets de Letizia

Un blog pour donner à réfléchir, pas pour influencer… #SalesConnes #NousToutes


Je ne peux rien enseigner à personne, Je ne peux que les faire réfléchir. (Socrate 470/399 A.JC)

, , ,

La Place Des Enfants Dans Le Naturisme

La Place Des Enfants Dans Le Naturisme

Entre Liberté Et Protection

Réflexion Sur Un Mode De Vie Où Le Corps Se Vit En Toute Simplicité

Depuis ma prime enfance, j’ai connu le naturisme comme on connaît la mer au bout du jardin : une évidence, un paysage familier. J’y ai appris que le corps, qu’il soit jeune ou vieux, lisse ou marqué, n’était ni une vitrine ni une arme, mais simplement une maison où l’on habite. « Ou naturiste depuis ma prime enfance, je n’ai jamais rien perçu de sexuel dans cette philosophie de vie », et pourtant, je sais combien ce simple fait peut surprendre ou troubler.

Dans notre pays, le naturisme s’est façonné dans un esprit familial, porté par un idéal d’égalité et de respect. Les premiers centres, les villages, les campings… tous reposaient sur une même promesse : vivre ensemble, nus, en effaçant le filtre des vêtements et, avec lui, les hiérarchies superficielles. Mais vivre nu·e ne signifie pas vivre sans règles. Les codes sont stricts : pas de gestes déplacés, pas d’images volées, pas d’insistance malvenue. La nudité y est désexualisée par le cadre collectif.

Et pourtant, la société alentour a changé. Les corps sont partout dans les publicités, mais souvent transformés en produits ; la pudeur se façonne différemment d’une génération à l’autre. Là où le naturisme voulait apaiser le regard, le monde actuel l’a parfois rendu plus suspicieux. Certain·e·s voient la présence des enfants dans ces lieux comme un risque : crainte de voyeurisme, d’images captées à leur insu, d’un mélange mal compris entre enfance et nudité. D’autres, au contraire, rappellent que c’est en voyant la diversité des corps dans un cadre sain que l’on apprend le respect, la tolérance et la liberté.

J’ai vu des enfants courir sur une plage naturiste avec la même insouciance que dans n’importe quel jardin. J’ai vu des ados traverser ces étés de métamorphoses physiques, protégés par la bienveillance d’un collectif qui ne juge pas. Et j’ai vu, parfois, la gêne ou la volonté de se couvrir : toujours respectée. La clé est là : le choix. Ce n’est pas la nudité imposée qui construit la confiance, c’est la liberté de dire « aujourd’hui, j’ai envie de mettre un paréo » sans que personne n’y voie un affront.

Les études menées à l’étranger tendent à montrer que l’exposition familiale et non sexualisée à la nudité n’est pas associée à des effets négatifs sur le développement psychologique. Certain·e·s chercheur·e·s observent même une aisance corporelle accrue, une meilleure image de soi et un rapport apaisé aux autres. Bien sûr, chaque contexte est unique ; en France, le débat reste vif, en partie alimenté par quelques incidents médiatisés. Mais réduire le naturisme familial à ces exceptions, c’est ignorer la réalité quotidienne de milliers de familles.

« La liberté des uns commence là où s’arrête celle des autres », écrivait John Stuart Mill. Dans le naturisme, cette maxime prend corps, au sens propre : la liberté d’être nu·e existe grâce à la protection active de celleux qui y participent. Les chartes interdisent les appareils photo, les gestes déplacés, imposent la bienveillance comme règle première. Ce sont ces tuteurs invisibles qui permettent à la vigne de croître librement, même sous le mistral.

J’aime penser que le naturisme est un apprentissage de la coexistence : accepter la différence, refuser la marchandisation du corps, apprendre aux enfants que leur corps leur appartient entièrement. C’est aussi un rappel qu’aucune liberté n’est absolue : elle s’entretient par des règles partagées, comme on entretient un chemin de garrigue pour qu’il reste praticable.

Alors oui, la question de la place des enfants dans le naturisme mérite d’être posée, discutée, affinée. Mais elle mérite aussi d’être débarrassée des fantasmes et des amalgames. Le naturisme familial, lorsqu’il est vécu dans le respect et la vigilance, peut être une école de liberté. Pas une liberté naïve, mais une liberté consciente, qui protège tout autant qu’elle ouvre.

Et vous, comment imaginez-vous cet équilibre ? Peut-être faut-il y voir, comme dans la vie elle-même, un mélange de soleil et d’ombre, où chacun·e choisit son pas et sa lumière.

Références :

– Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, État du sexisme en France 2025.

– O’Halloran, M., Helweg-Larsen, M., Parental nudity and attitudes toward the body.

– France Culture, Le Cours de l’histoire – Histoire du naturisme.

– Service-public.fr, Droit à l’image et protection des mineurs.


En savoir plus sur Les petits billets de Letizia

Abonnez-vous pour recevoir les derniers articles par e-mail.

Laisser un commentaire

Une réponse à « La Place Des Enfants Dans Le Naturisme »

  1. Avatar de Gabriel - Nus au soleil

    Bel article, c’est souvent ceux qui ne connaissent pas le naturisme et y projettent leur craintes et fantasmes qui imaginent tout ce que le naturisme n’est pas.

    Le même monde que celui de tout le monde mais sans vêtements, et qui amènent à plus de tolérance, de respect des autres et de respect… de soi !

    J’aime