Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire
Quand Le Pouvoir D’Emmanuel Macron Flirte Avec L’autoritarisme
La liberté d’expression est l’un de ces biens précieux dont nous parlons avec fierté, mais dont nous oublions parfois la fragilité. En France, elle est inscrite au cœur de nos valeurs républicaines. Pourtant, depuis le second mandat d’Emmanuel Macron, je sens cette liberté vaciller, menacée non pas par des ennemis extérieurs, mais par les propres décisions de l’État. Et si, derrière le discours de protection, se cachait une dérive qui nous éloigne peu à peu de l’esprit démocratique ?
Au nom de la sécurité, le gouvernement multiplie les lois, dissolutions d’associations et interdictions de manifestations. J’ai lu qu’une trentaine de collectifs avaient été dissous depuis 2017, souvent sans débat réel, parfois malgré les réserves de juristes. Bien sûr, je comprends la nécessité de protéger face au terrorisme ou aux discours de haine. Mais jusqu’où l’État peut-il aller ? Quand une banderole ou un tweet critique se transforme en convocation judiciaire, je ne peux m’empêcher de voir dans cette pratique une volonté de museler celles et ceux qui dérangent.
Les plateformes numériques sont devenues les nouvelles arènes de ce contrôle. On nous dit qu’il faut lutter contre les propos haineux en ligne. Mais en contraignant les géants du numérique à supprimer rapidement certains contenus, l’État leur confie un rôle d’arbitre de nos conversations. Je le ressens moi-même : cette impression de marcher sur des œufs, de devoir formuler chaque mot avec prudence, comme si l’ombre d’une censure flottait partout. Ce n’est pas une démocratie apaisée qui émerge de ce climat, mais une société d’autocensure.
Plus troublant encore, la critique politique est désormais perçue comme suspecte. Certaines personnalités ont été poursuivies pour des propos jugés offensants envers le président ou les institutions. Je me demande : à quel moment une critique, même dure, devient-elle un crime ? En démocratie, n’est-il pas normal que les dirigeant·e·s soient remis en question, parfois vivement ? Lorsque la contestation légitime se confond avec l’incitation à la haine, nous franchissons une ligne dangereuse.
Au-delà des lois, il y a cette volonté de « régir les consciences ». Le gouvernement met en avant la protection des jeunes contre la désinformation ou le complotisme, à travers l’éducation aux médias et la régulation des plateformes. Sur le principe, j’y adhère. Mais je ne peux m’empêcher de craindre que ce projet ne devienne un instrument de normalisation. Qui décide de ce qui est vrai, de ce qui doit être vu ou entendu ? Tocqueville nous avertissait déjà : « Le plus dangereux des abus du pouvoir est celui qui s’exerce au nom de la vertu ».
Ce climat pèse sur notre débat démocratique. La France, pays des Lumières, devrait cultiver le pluralisme et la confrontation d’idées. Or, aujourd’hui, la parole se réduit, la méfiance grandit et la vitalité du débat s’étiole. J’ai l’impression que nous ne dialoguons plus, mais que nous nous surveillons. Cela affaiblit non seulement la confiance envers les institutions, mais aussi le lien qui nous unit les un·e·s aux autres.
En définitive, il ne s’agit pas seulement d’une question juridique, mais d’un choix de société. Voulons-nous vivre dans un pays où la liberté d’expression est protégée dans son essence, quitte à accepter ses excès ? Ou préférons-nous une société où tout est encadré, aseptisé, au risque de perdre l’élan vital du débat ? Je crois que nous devons rester vigilants·e·s et préserver le feu du dialogue, car sans lui, la démocratie s’éteint doucement. Et vous, comment percevez-vous cette tension entre sécurité et liberté ?
Evelyn Hall, est l’autrice de la phrase « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me battrai jusqu’au bout pour que vous puissiez le dire », souvent attribuée à Voltaire et très souvent utilisée pour illustrer le concept de liberté d’expression.
Références
– Le Monde, « L’inquiétude montante des défenseurs des libertés individuelles », 27 avril 2024
– Vie Publique, « Emmanuel Macron – discours aux droits de l’Homme », 10 décembre 2023
– Wikipédia, « Loi Avia et censure d’Internet en France »
– JDD, « Liberté d’expression : la France est-elle sur le point de basculer ? »






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