Les petits billets de Letizia

Quand La Solidarité Devient Une Urgence Collective

Le 10 septembre prochain, une mobilisation sociale s’annonce. J’ai l’impression que ce n’est pas simplement une journée de grève parmi d’autres, mais bien un moment décisif où nous sommes appelé·e·s à choisir quel visage nous voulons donner à notre société. Derrière les annonces de coupes budgétaires et de réformes de l’assurance chômage, je perçois un enjeu beaucoup plus profond : celui de notre solidarité, de notre capacité à protéger les plus fragiles et à préserver une dignité commune.

Je ne me suis jamais sentie proche des chiffres ni des tableaux financiers, mais je comprends ce qu’ils recouvrent. Quand on parle de « gel des prestations sociales » ou de « réduction des droits au chômage », on parle en réalité de vies humaines, de familles qui se retrouvent à calculer chaque euro, de jeunes qui basculent dans la précarité. Ces décisions ne sont pas neutres : elles tracent une frontière entre celles et ceux qui pourront s’en sortir et celles et ceux qui resteront au bord du chemin.

J’ai choisi d’aborder ce sujet en suivant un fil conducteur qui m’est cher : la justice sociale. Ce n’est pas une idée abstraite, c’est une réalité tangible qui se vit dans la sécurité d’un revenu quand on perd son emploi, dans la possibilité de continuer à se soigner malgré les difficultés, dans le droit à l’éducation et au logement. Ce fil me guide, car je crois profondément que les choix politiques doivent se juger à l’aune de leurs effets sur les plus vulnérables.

Quand je repense à une amie qui a perdu son poste à la suite d’un plan social, je mesure combien l’indemnisation chômage a représenté pour elle un espace de respiration, le temps de se reconstruire et de retrouver un emploi. Si ce soutien avait été réduit, elle aurait sans doute basculé dans une spirale de dettes et d’angoisses. Cet exemple me confirme que l’assurance chômage n’est pas un luxe, mais un pilier.

La mobilisation du 10 septembre n’est pas une réaction impulsive, c’est une réponse collective face à un sentiment de déclassement et d’injustice. Elle nous dit : « nous ne voulons pas d’une société où l’équilibre budgétaire se fait sur le dos de celles et ceux qui ont le moins ». Comme l’écrivait Simone de Beauvoir : « Il suffirait d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis, vous devez rester vigilantes votre vie durant ». Cette phrase résonne aujourd’hui au-delà de la question des femmes : elle s’applique à toute conquête sociale.

Je vois aussi comment les réseaux sociaux alimentent cette mobilisation : ils donnent une voix à celles et ceux qui n’en ont pas, ils créent des liens entre des personnes éloignées géographiquement, et ils transforment une colère diffuse en énergie collective. Bien sûr, ces espaces ne remplacent pas le face-à-face dans la rue, mais ils élargissent la mobilisation et la rendent plus horizontale.

À travers cette journée, je perçois une invitation à nous poser une question essentielle : voulons-nous continuer à vivre dans un pays qui sacrifie la solidarité au nom de chiffres comptables, ou voulons-nous nous battre pour préserver une société plus équitable ? C’est pourquoi, le 10 septembre, je crois qu’il est nécessaire que chacune et chacun de nous s’arrête, bloque, manifeste. Non par habitude, mais par conviction.

En participant, nous envoyons un message clair : la rigueur budgétaire ne doit pas effacer notre humanité. Nous affirmons que la justice sociale reste notre boussole. Nous refusons de voir le modèle social français, fruit de décennies de luttes, s’effriter sans réagir. Alors oui, je le dis avec force : le 10 septembre, il faudra bloquer tout et faire grève.